Adventure is going on ...

Tu es dans ton élément... et nous aussi... en te lisant!!!

Salut David. La lecture de ton récit de voyage nous manque. Tu nous as habitué presque quotidiennement à voyager par "procuration" et là....8 jours sans notre dose !  Mais surtout, j'espère que tout va bien pour toi !!!!    jf

pas de news sur FB non plus

Salut la meute. 
Juste un petit mot en passant.
Tout va super bien, merci de vous en inquiéter. 
Je n'ai pas donné de nouvelles car je n'ai pas eu le temps.
Je fais de plus en plus de TT, ma moyenne horaire chute, je passe plus de temps sur la moto et le soir, je dors au lieu d'écrire !
Poster est le plus quand j'ai le temps. 
Aujourd'hui journée off. Mon visa expire le 20 et il me faut passer au Pakistan. J'ai encore des choses à régler avant. 

@ EDN : oui, les profils de routage de Cricri marchent très bien ici. D'ailleurs j'utilise beaucoup le profil gros trail.
Par contre, la carto n'est pas très détaillée, il faut s'adapter.
Par exemple hier, pour arriver à Kerman, Osmand me disait 350 km dont 290 de route. Ensuite 100 km de grosses route pour arriver en ville. Au final j'ai fait 300  de pistes dont la moitié dans le sable et les pistes de montagne. Heureusement le reste était de la grosse gravel road.
Du coup je suis arrivé il faisait déjà nuit.
Là c'est un peu extrême, mais souvent c'est comme ça. Ce qui est marqué petites routes souvent est de la piste si bien qu'il est difficile de prévoir. Dans le nord les pistes étaient très roulantes et je ne faisais pas de différence avec les routes. Ici c'est différent, plus de sable, de pièges, de hors piste bref, je roule beaucoup plus cool.

Salut David , . Bonne continuation …

Super. Bonne continuation 

Salut à tous et plus particulièrement à toi, Xantios , que je viens remercier à mon tour de nous faire partager ton périple, ton quotidien et tes rencontres à travers un excellent récit, qui plus est, raconté avec une maîtrise absolument parfaite de l'écriture !!
Sans déc', avec l'état d'esprit qui est le tien, doublé d'un tel talent d'écrivain, tes voyages mériteraient largement d'en écrire un bouquin ! 

xantios a écrit:

(...) Je fais de plus en plus de TT, ma moyenne horaire chute, je passe plus de temps sur la moto et le soir, je dors au lieu d'écrire ! (...)

Tu as raison de privilégier le repos, sous peine de risquer de voir ta moyenne horaire des chutes grimper !

Elefantof a écrit:

Salut à tous et plus particulièrement à toi, Xantios , que je viens remercier à mon tour de nous faire partager ton périple, ton quotidien et tes rencontres à travers un excellent récit, qui plus est, raconté avec une maîtrise absolument parfaite de l'écriture !!
Sans déc', avec l'état d'esprit qui est le tien, doublé d'un tel talent d'écrivain, tes voyages mériteraient largement d'en écrire un bouquin ! 

Notre Sylvain Tesson à nous !  

Merci vraiment beaucoup les gars, ça fait vraiment plaisir.

Alors, petit intermède avec un retour sur l'usage TT de ma PR7, hors enduro évidemment.
Je suis aux portes du désert du Luth en Iran.
Ce n'est pas encore le vrai désert mais les pistes ici sont très sablonneuses avec des ornières. Ma moto chargée avoisine les 200 kg en ordre de marche, est équipée de Mitas 07 qui ont 14 000 km aujourd'hui et je reste toujours à 1,7 - 1,8 kg de pression.
 
Elle vaut quoi dans ces conditions peu favorables ?
 
Toujours aussi bluffante de facilité et d'efficacité. Je suis vraiment épaté. Je connais bien ce genre de pistes pour les avoir pas mal pratiquées récemment avec ma 800 GS en Islande. Je me souviens de grosses galères et de chutes. Ici rien de tel. La  moto reste seine sans aucune réaction violente. L'avant ne sait jamais planté et je ne l'ai jamais perdu. Ce genre de piste n'est toujours pas ma tasse de thé mais je me suis surpris à rouler sans appréhension comme c'était le cas avec la GS si bien que la moto pousse à aller de plus en plus vite. Là c'est moi qui moi qui calme le rythme. 
 
Ma sécurité avant tout. Je suis seul et hier, sur les quelques 300 km de pistes, j'ai croisé un chien errant, qui pour une fois ne m'a pas attaqué, un troupeau de mouton et deux bergers. Beaucoup d'endroits sont sans réseaux et si j'ai une balise de détresse, j'aimerais ne pas avoir à l'utiliser. Et là, avec ma PR7, je roule serein et j'y prends plaisir tout en profitant du paysage.
 
Les suspensions, sans parler du confort royal même sur piste, absorbent vraiment tout même les grosses saignées vu au dernier moment sur la tôle ondulée à vitesse soutenue.
Et que dire du moteur, un vrai tracteur notamment dans les bancs de sable mou où il tracte sans faiblir même sans être haut dans les tours. Jamais il n'a calé et je ne me suis jamais tanqué même si ce fut limite une fois ou deux !
 
j'ai aussi fait du hors-piste à plusieurs reprises, soit pour récupérer la route en fin de journée soit parce que la piste était coupée suite à des effondrements. Là aussi, elle passe sans soucis partout. Par contre, je ne regrette nullement de l'avoir rabaissée. Idem, je ne regrette pas d'avoir la choisi la version full power qui donne un vrai confort sur route avec notamment assez de pêche pour doubler et s'insérer dans la circulation. 
 
Cette moto est vraiment l'adventure bike idéale pour moi, facile, sécurisante quel que soit la situation, passe partout, plaisante à rouler et même joueuse si on la titille. Je roule vraiment l'esprit tranquille et ne suis nullement fatigué, même après de grosses journée de roulage en TT. Je peux rouler inexorablement jour après jour avec toujours autant de plaisir. C'est tout cela qui en fait pour moi une véritable travel bike. Il y a peu, j'ai écrit que les bicylindre comme la 800 GS ou la Ténéré 700 étaient l'outil idéal pour qui avait le physique et la technique, et bien j'avais tort. Ce sont une sorte de SUV à deux roues. Autoroute mis à part, la PR7 est beaucoup plus polyvalente, facile et sécurisante quel que soit le terrain. Il n'y a pas photo.
 
Pour ceux qui hésiteraient au vu de l'intervalle des vidanges, j'en suis à ma troisième depuis mon départ. j'ai fait 14 000 km depuis la maison et les pneus ont encore de la marge, heureusement ! l'entretient est vraiment basique, facile à faire n'importe où. Bref, en aucun cas une limite.
 
Il faut juste être capable de le faire et avoir les outils au cas où. Ensuite je sous traite, je le fais faire par le mécano du coin plus compétant que moi. Je le guide et lui indique ce qu'il faut faire. Là, en Iran, chez Mustapha à Kerman, j'ai payé un million la vidange, enfin, 3€  auquel il faut rajouter 50cts que j'ai donné à l'apprenti. OK, j'ai fourni l'huile et le filtre à huile. En plus, je fais des heureux car ils sont super content de travailler sur une grosse moto, enfin, pour eux, puisque avoir une 200 cm3 est c'est avoir un gros cube !
 
Nettoyer le filtre à air est un jeu d'enfant surtout avec une chaussette de protection. Il est super efficace car pas un poil de poussière dans la boite à air et pourtant, j'ai eu pas mal de vent de sable. 
 
Le bouchon de réservoir était souvent difficile à fermer. En cause, le joint en caoutchouc vert à la base qui a tendance à se déformer un peu et à dépasser gênant la fermeture. Par deux fois je l'ai un peu retaillé avec une paire de ciseaux et maintenant c'est nickel, il ne bouge plus et ferme sans soucis. Faire le plein était galère au début, mais c'est une question d'habitude, maintenant cela ne me dérange plus du tout.
 
Au final, le seul truc inutile sur ma moto, c'est le contrôleur Bluetooth Carpe Iter. Une bonne idée sur le papier, au quotidien un truc qui ne sert à rien et que je n'utilise pas.
 
Prochaine révision, au Pakistan. J'y serais dans une semaine si tout va bien.




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Bravo et merci pour ces infos, une belle aventure.

Suite à ma quête du cash, je pars découvrir Ispahan à pieds, sans trop de plans précis. j'aime marcher au hasard des rues, découvrir la réalité d'une ville et pas uniquement les must have de tous les bons guides touristiques qui ne sont bien souvent qu'une image plus ou moins faussée, celle que l'on veut mettre en avant.

Mon hôtel étant dans le centre historique c'est parfait. Très rapidement je trouve cette mosquée d'un nouveau genre que je qualifierai de semi ouverte. J'avais déjà vu des mosquée entièrement ouverte essentiellement au Mali ou dans le nord de la Côte d'ivoire, mais jamais comme cela. Je reste là quelques minutes à m'imprégner de l'ambiance avant de partir me perdre dans le bazar. Une ambiance toujours étonnante, entre les allées couvertes et ouvertes, donnant parfois sur des cours intérieures ou des places le reliant à la ville. L’atmosphère y est toujours particulière. J’observe les gens faire leurs emplettes, essentiellement des femmes ou des familles. Peu importe le pays, peu importe qu’elles soient voilées ou non, les femmes restent coquettes et farfouillent à travers les étals de mode. Les motos sont partout, que ce soit sur les trottoirs, les allées piétonnes ou celles du bazar. Si d'habitude j'ai tendance à prendre les coutumes locales au guidon, trottoirs, allées piétonnes et bazar, je m'y refuse. Je ne suis pas chez moi, c'est le minimum de respect.

J'en profite pour manger un peu. Comme souvent je commande en aveugle sans savoir ce que j'aurais dans mon assiette. Mais globalement je n'ai jamais rien eu d'immangeable, rien à voir avec le foutou sauce gombo africain !

L'estomac plein, j'attaque la partie tourisme. Le bazar débouche sur la grande place centrale d'Ispahan, enfin, Isfahan comme on dit ici. J’ explorer les rues perpendiculaires, très agréable pour déambuler à l'ombre des arbres. Car oui, il commence à faire chaud.

Isfahan est une ville plus libérale que Qom, de nombreuses femmes interprètent avec goût et plus ou moins de liberté les codes vestimentaires locaux.

La place en elle-même est encadrée par des arcades abritant des boutiques, plusieurs mosquée et le palais Ali Qapu Palace, le palais résidentiel du Shah, le roi de l'époque. L'architecture est sobre mais très chaleureuse. C'est ce qui, à mon sens, caractérise l'art de vivre de cette région que j’avais découverts lors d‘un précédent voyage en Irak, Syrie, Liban et la Jordanie, même si cette dernière est un peu à part. Peu d'esbrouffe comme nos châteaux et cathédrales de l'époque, mais une culture où la qualité et la douceur de vivre ont une place prépondérante. C'est d'ailleurs ce qui avait étonné les premiers croisés qui, à l’époque, ne connaissaient que l’austérité de leurs domaines de pierres. Les pièces ici sont toutes décorée de fresques, bien souvent avec, en leur centre, un bassin pour atténuer les affres des chaleurs d'été. La terrasse couverte du dernier étage, avec ses piliers et son toit en bois, en est le parfait exemple. Le bassin avait une fontaine dont le système de canalisations et de pompes pour faire jaillir l'eau à cette hauteur était une véritable prouesse technique pour l'époque. Un lieu idéal pour recevoir et se faire une petite fiesta entre amis !

Les mosquées aux alentours sont décevantes, enfin, pas par leur architecture, mais parce qu'elles ne sont plus utilisées comme lieu de culte. Il n'y a plus de vie comme habituellement dans ces lieux. Elle ne sont plus que l'ombre d'elles-mêmes, simple vestiges architecturaux d'une grandeur passée.

Je reprends mes pérégrinations pédestres et aperçois un bâtiment en rénovation. Les ouvriers s'activent sur la devanture, j'ose entrer et stupeur, je tombe sur un endroit étonnant. Plusieurs personnes attablées m'invitent. Je me trouve là, gêné, comme un gamin pris la main dans le sac, d'être entré chez eux sans y avoir été invité.

Très rapidement ils me mettent à l'aise, notamment Eva, la jeune femme. Il se trouve que c'est un hôtel dont elle est le manager. Ils sont sur le point d'ouvrir d'ici quelques jours. Je la félicite pour le goût certain dont elle a fait preuve pour l'emménagement, subtil mélange entre tradition locale et modernisme. Nous discutons autour d'une tasse de thé. C'est une business whoman iranienne. Son activité première est l'import-export de marbre, l'hôtel étant une sorte de plaisir qu'elle s'offre, un rêve de gamine qu'elle réalise. Les hommes assis là autour de la table travaillent pour elle. Elle me laissera son numéro avant de me serrer la main pour me souhaiter bonne route. Nous échangeons encore aujourd'hui. Une autre facette de la femme en Iran bien loin des clichés.

La journée tire à sa fin, je repars en direction du pont Si-o-se-pol. Sur le chemin je croise des hommes installé dans les jardins publics en train de jouer aux cartes et une aire de jeux pour gamins. Les scènes sont les mêmes que chez nous, les mères papotant sur les bancs pendant que leurs bambins s'amusent.

Enfin arrive le pont. Si ce matin il était désert, un foule bigarrée commence à envahir les lieux, des familles en passant par les couples d'amoureux. Et oui, il y en a aussi ici ! Les vendeurs à la sauvette de babioles pour enfants se mélangent à ceux de maïs grillé et de narguilé, le tout, accompagné de la voix d'un chanteur de rue. Les illuminations viennent donner une tonalité chaleureuse.

Mais il se fait tard, il est temps de rentrer à l'hôtel. Demain je reprends la route pour de nouvelles aventures

Tout simplement passionnant

bravo pour ton récit, tes photos et ton aventure .. bonne continuation et on attend la suite ...

Grace au partage de ton aventure, d'une certaine façon nous voyageons aussi. 
Ces récits de voyages sont aussi une façon de nous réconcilier avec l'ailleurs, cela change du ton matraqué par les grandes ondes. Ailleurs souvent dépeint comme une menace pour l'occident. Pourtant en y regardant bien les guerres sont souvent orchestrées par les occidentaux...
Il est bon de rappeler que la différence est une véritable richesse, alors merci d'ouvrir un peu plus chaque jour ce chemin.

Elle débarque à quel moment de cette aventure Rahel??

BlackMountain a écrit:

Elle débarque à quel moment de cette aventure Rahel??

Ah ah, à chaque aventure son héroïne
Quant à Rahel t'as raté l'épisode. Je suis passé la voir dès que j'ai quitté la France

xantios a écrit:

Ah ah, à chaque aventure son héroïne

Quel tombeur !
Comme les marins, une femme dans chaque port pays !  

gookum a écrit:

xantios a écrit:

Ah ah, à chaque aventure son héroïne

Quel tombeur !
Comme les marins, une femme dans chaque port pays !  

Mais non, je parlais de la PR7 voyons

Car elle a brillamment vaincu le désert du luth !!

Avant de vous raconter ça quelques photos pour patienter.

Après deux jours passés à Ispahan, il est temps de reprendre la route. La prochaine ville que je veux rejoindre est Shiraz, mais je n'ai pas l'intention d'y arriver ce soir. Pour se faire, il me faudrait prendre la quatre voies et ce n'est pas mon intention. j'ai une fois de plus envie de me laisser porter par les petites routes et les pistes.

Mais avant toute chose, il me faut quitter l'hôtel. Cela pourrait passer pour chose aisée, mais loin s'en faut. Comme partout, ces dernières années le tourisme a été durement touché. Par conséquent, un européen, qui plus est en moto, est toujours un phénomène attractif pour un établissement. Aussi, impossible de partir sans les traditionnelles photos avec le staff, avec la moto et bien sûr, l'interview filmé, le tout pour alimenter leur compte Instagram. Le rituel est sensiblement le même à chaque fois. Comment je m'appelle, d'où je viens, où je vais et surtout, qu'est-ce que je pense de l'Iran et des iraniens. Les iraniens regrettent que nous, européens, ayons une mauvaise image de leur pays, mais quand je leur dit que ma prochaine étape est le Pakistan, ils sont unanimes : c'est un repère de talibans et c'est très dangereux.

Une fois remonté sur la moto, il faut quitter la ville. Et là c'est une autre histoire. Car si les iraniens sont très curieux et très attentionnés pour les étrangers, il en est de même quand ils conduisent. Ici, c'est un motard qui se colle à moi pour discuter et me demander d'où je viens. Il transporte sa femme et évidement, ne tient son guidon que d'une main puisque de l'autre il filme avec son téléphone. Là, c'est une voiture où, après les saluts d'usages, la passagère me tend une orange pendant que son mari filme tout en me collant pour que je puisse l'attraper.
Mais j'en fais quoi moi de cette orange !
Serais-je le seul à essayer de regarder la route ou quoi ?
Je ne peux leur en vouloir mais je n'aime pas me faire coller par un véhicule dont le conducteur ne regarde devant soi que par intermittence tout en continuant de foncer dans une circulation plutôt chaotique !

Enfin les petites routes me permettent de m'exfiltrer vers des cieux plus sereins. La nature reprend ses droits et les villages se succèdent les uns après les autres. Le relief est de plus en plus vallonné et je me prends à augmenter progressivement le rythme dans les virages profitant de la maniabilité de ma moto pour m'amuser un peu.

L'heure tourne et c'est mon estomac qui me rappelle à l'ordre. Je suis dans la pampa, les villages sont désertiques et je ne trouve nulle part où manger. Heureusement Osmand est là. La route principale n'est pas très loin. Je la rejoins sans attendre et fini par trouver un bouiboui pour routier sur le bord. Je salue tout le monde. C'est menu unique, des œufs au plat avec du pain et une sorte de sauce blanche à base de yaourt. Je n'ai pas le temps de commander que je suis invité par deux hommes à partager leur déjeuner. Refuser n'étant pas une option ici, alors j'accepte.

Arrive le moment délicat, car ici, tout le monde mange assis en tailleurs sur des tapis. Il faut donc se déchausser. Et là, une fois mes bottes retirées, je vais prendre place avec eux, où mes pieds, à l'odeur plus que discutable, se retrouvent à quelques centimètres des plats. Moment de gêne inévitable, mais la politesse les empêche certainement d'oser la moindre remarque. Les équipementiers motos n'ont de cesse d'innover pour nous proposer toujours plus de choses inutiles, mais à quand les bottes et les chaussettes sans odeurs ?

Repas frugal à l'image de la discussion réduite à la portion congrue via smartphone interposé. Un autre groupe de routiers arrivent et m'offrent à boire. Une fois sustenté, tout le monde pique un petit roupillon sur les tapis. Vous l'aurez compris, je ne serais pas le dernier à en profiter. Je repartirais avec deux numéros de téléphones supplémentaires et évidement, n'aurais rien payé une fois de plus.

De retour sur ma moto, je quitte la quatre voies pour me replonger dans la campagne. La route laisse la place à de la piste serpentant entre les champs cultivés. Rapidement le chemin disparait régulièrement sous l'eau. L'Iran est un pays étonnant. D'un côté ils irriguent énormément, soit via des canaux soit, comme parfois avec une sorte de tuyaux microporeux étendus dans les champs. Mais à côté de cela, il y a partout des traces de rivières asséchées et nous ne sommes qu'au printemps. Le meilleur exemple en est la rivière Zayandeh Roud où ne subsiste que quelques traces d'eau sous le pont d'Ispahan. Irrigation irraisonnée comme en Espagne ou sécheresse chronique ? Les deux certainement. Mais ici il y a clairement une fuite quelque part et du coup je patauge. Cela me rappelle un autre lieu à une autre époque, dans la plaine sous la falaise de Bandiagara au Bourkina Fasso, mais là c'était la saison des pluies qui transformait la piste en rivière. Quoi qu'il arrive, ce sont les impondérables du voyage, avancer coûte que coûte.

Enfin le bitume reprend ces droits, je traverses quelques villes. Comme dans beaucoup d'endroits dans le monde, les carcasses de mouton sont suspendues à l'air libre devant l'étal du boucher. Mais la journée touche à sa fin. J'arrive à Sisakht où je cherche où dormir. Pour changer, je galère.

Après plusieurs tentatives infructueuses, je m'arrête demander à une sorte de concierge dans un grand bâtiment. Il ne parle pas anglais mais le traducteur fait là encore des merveilles. L'homme plante là son bureau, ordinateur et dossiers, ne ferme même pas la porte et prend sa voiture en me faisant signe de le suivre. N'oubliez pas, nous sommes en Iran. Une dizaine de minutes plus tard, nous voici devant un hôtel ultra moderne. Je le remercie chaudement même si j'ai un doute sur le prix de la chambre. Je vais me renseigner et tombe sur un jeune homme à l'anglais impeccable.

Ils sont complets. Il m'explique que c'est un lieu touristique et c'est le week-end férié de la fin du ramadan. Ceci explique cela. Il prend son téléphone et appelle plusieurs établissements. Tous complets. j'allais partir résigné quand il me dit d'attendre encore un peu. Il reprend son téléphone, passe plusieurs appels et fini par me dire qu'il a un ami qui rénove un appartement. Il n'est pas fini mais je peux y loger pour la nuit si je veux. lui aussi quitte son poste à l'hôtel pour m'y accompagner en voiture. L'appartement est parfait. Je m'enquiers du prix. C'est gratuit. Je suis quand même gêné. Mais non, l'appartement n'est pas fini et je suis un voyageur européen dans le besoin.

Une journée ordinaire en Iran. Au final, les dépenses du jour s'élèvent à 10 litres d'essences, soit 1€ environ et quelques bricoles à manger, comme des chips gâteaux et autres pour un autre euro.

Je grignote un peu, prépare la navigation du lendemain pour Shiraz, trie quelques photos avant de sortir mon duvet et de m’allonger à même le sol sur le tapis. Je n’avais plus dormis par terre sans matelas depuis l’Afrique mais au final, cela ne me pose pas de problème.

Maintenant que tu en parles j'ai même souvenir que tu avais eu contact avec ses parents.


Finalement le deux roues semble assez présent dans le pays et cette faculté à quitter son poste de travail est enviable, ce serait bien d'en prendre de la graine en Occident!

Ce désert est de toute beauté, émotion garantie !
Quel pied d'arriver là en bécane, tes enfants doivent être fier d'avoir pour père un aventurier.

Coup de gueule ... contre moi même.

Salut,

Je prends chaque jour un peu plus de retard sur mes carnets de voyages. Je roule plus vite que ce que je n'écris !
Néanmoins, je voulais vous donner quelques nouvelles toutes chaudes … avant de reprendre mon récit là où je l'avais laissé.

Actuellement je suis à Peshawar au Pakistan, en pays Pachtoune, pas très loin de l'Afghanistan.

Mais aujourd'hui, je voulais vous parler de la traversée du Baloutchistan, première région du Pakistan quand, comme moi, on arrive d'Iran.

J'ai  quitté Taftan pour Quetta escorté par les Levies, les forces de sécurité locales. Il y a 650 km à faire. On a mis 13h au total, dont 8h30 sur la moto le tout par 48°C en moyenne. J'ai bu 6L d'eau dans la journée et au moins 3 ou 4 le soir après être arrivé. Ma résistance physique et psychologique ont été mise à rude épreuve.

En partant à 8H du matin, évidement nous sommes arrivés de nuit. Les derniers kilomètres ont été les plus éprouvants. Nous avons dû mettre une heure pour faire 20 km, attendre toujours et encore l'escorte suivante.

Et là, j'en ai eu ras le bol. En mon fort intérieur je les ai traité de tous les noms, fustigés leur incompétence et leur impréparation. Evidemment je n'en ai rien laissé transparaitre, par pure stratégie diplomatique, afin de ne pas me fâcher avec ceux qui ont le pouvoir de me faciliter ou non la vie.

Mais je l'ai pensé.

Alors qu'en toute franchise, ils ont été adorable, m'ont invité à partager leur repas et le thé. Ils ont accédés à toutes mes demandes, qui furent néanmoins limitées  à trouver du cash et une carte SIM, alors qu'ils n'étaient pas obligé de le faire. Je me suis même fait un ami, Saddam, qui m'a accompagné pour mes emplettes alors que les autres gardaient ma moto. Qui n'a pas rêvé de laisser sa moto sous la garde des "Eagles Forces" qui, d'après leurs dires, est l'élite de la force antiterroriste ?

Ils ont été chaleureux, se sont inquiété de savoir si j'avais à boire et pas trop chaud sous mon équipement de cosmonaute. Alors oui, nous avons attendu parfois, mais alors quoi ? Durant deux jours j'ai dû croiser le chemin d'une centaine d'entre eux durant les innombrables rotations dont la très grande majorité s'est faite sans perte de temps. Est-ce que chez nous nous aurions mis autant de zèle pour un seul touriste en mal de nouveautés et de sensations fortes ? A voir le quartier de haute sécurité de Quetta où sont retranché les administrations et les locaux de l'ONU, le coin n'a pas dû être toujours particulièrement sûr. La sécurité, et la mienne pour l'occasion, est leur priorité. Merci à vous tous, Levies, Policiers et membres des commandos no fear eagle et autres.

Contrairement à ce que nous laissent trop souvent penser les réseaux sociaux, YouTube en tête, dans les voyages, il n'y a pas que des moments magiques ou de petites galères que l'on raconte sous le ton de l'anecdote en disant que l'on a finalement bien gérer les choses.

Je ne sais pas comment cela se passe pour les autres, mais des fois j'en ai marre, suis claqué et me demande ce que je suis venu faire ici ! C'est ce qui m'est arrivé l'autre jour. Heureusement, ces phases d'abattements sont rares (c'est la première en deux mois de route) et ne durent jamais longtemps et sont vites compensées par l'intensité des rencontres et la gentillesse des gens rencontrés.

Car au Pakistan, les gens sont aussi chaleureux qu'en Iran. Je ne peux pas m'arrêter cinq minutes sans provoquer un attroupement et me faire inviter.
Ce pays est vraie belle découverte mais se mérite. L'Iran était du tourisme pépère à côté du Pakistan. 

À bientôt pour la suite de mes carnets de voyages.

PS: les photos sont quelques exemples des différentes escortes sauf la dernière, prise à l'arrivée à Quetta. Il s'agit d'un minibus avec, accroché à l'arrière, une sono délivrant de la musique. Il était suivit par un cortège de moto dont les passagers dansaient.

Bonjour david,

Je pense que cela nous arrive à tous de se demander pourquoi nous nous mettons dans de tels situations mais la récompense une fois la difficulté surmontée est elle que l'on ne cesse de recommencer. Il ne faut pas croire tous ce que l'on nous montre sur les reseaux vidéos.... la réalité est svt toute autre. Les galeres font parti du jeu et nous rends plus fort. Tu me fais rêver et j espère un jour pouvoir partir aussi longtemps. Profite bien A bientôt bises.

Salut David. Content d'avoir de tes news. Nous savons toutes et tous que, parfois, en voyage, il nous arrive d'avoir un coup de mou et de nous demander ce que l'on est venu faire et chercher. Ah, que le confort et la routine de notre vie quotidienne nous manque !   Mais, tu le sais mieux que quiconque avec l'expérience qui est la tienne....les superbes aventures que tu nous contes à merveilles se méritent...et c'est pour cette raison entre autres que j'en apprécie autant la lecture...confortablement installé dans mon salon !    
     Mais chaque voyage est aussi une rencontre avec soi même. Sortir de sa zone de confort permet de voyager également en soi même et, tu es "obligé" de pousser loin le bouchon pour sortir de ta propre zone de confort là où d'autres en seraient sorties au premier bivouac à 100 km de chez eux !
   J'envie ta force, ta volonté, ta ténacité et ton courage pour accomplir seul un tel voyage.  J'en mesure la difficulté pour ne pas dire la prouesse.             
                                                                Bon vent à toi David.   jf

Régions du monde compliquées pas étonnant que ça fasse se poser des questions.

C'est plus facile plus loin