Mercredi
Départ de Orange dans le sud de la France. On part sur les coups de 9h, direction Saint Paul en Fenouillet dans les Pyrénées-Orientales. Une fois arrivé sur place, le temps de manger et s'équiper on est prêt vers 13/14h. Seulement d'entrée de jeu une chaleur à crever! J'avais acheter un pantalon bmw summer histoire d'être bien protégé aux genoux tout en ayant un tissu léger. Pour le haut j'ai préféré garder la veste Icon, en softshell, sans vraiment d'aération.
Au niveau des objectifs c'était simple: on avait jusqu'au dimanche midi, et un tracé de 1050 km. 90% issue du site TET, j'ai juste raccourci une première partie pour rentre le tout réalisable. Car sur les précédents ont avait calculé une moyenne de 30km/h, ce qui peut rendre l'ensemble assez compliqué! Autonomie totale sauf pour la nourriture bien sûr, donc tente et réchaud vu la saison estivale, on ne tentera pas de feu.
Le TET nous emmène d'abord sur des petites routes goudronnées, à la sauce Corse! Le paysage est joli, mais forcément assez sec, ça sent l'Espagne tout ça. Les premières pistes seront faites de pierres coupantes, mais ça roule pas mal! Quelques ornières ou passages meubles à éviter pour pas trop se faire emporter la roue avant, mais on se chauffe et ça le fait.
On décide d'accélérer un bon coup et j'entends d'un coup à l'oreillette : FREINE FREEEINE!!
La vache, en plein milieu de la piste un câble tiré de part en part et Seb ne l'avait pas vu, du moins c'est ce qu'on croyait. En fait ici les câbles sont généralement coupés en deux pour faire repousser le bétail, tout en permettant aux véhicules de passer. Il fallait le savoir ! À la première pause caca venu, il est temps de rendre compte que j'ai perdu mes deux vis de réservoir, dieu soit loué que j'ai pris des vis de rechange en pagaille, je commence malheureusement à être habitué. Le temps se fait en revanche lourd, orageux. J'avais lu que ça serait potentiellement le seul jour de pluie, et il a pas loupé! S'en suivra la fameuse partie route qui nous permet d'écourter le tracé.
Seb finit même par s'endormir, il est temps de faire une pause cookies.
La suite est moins glorieuse, on franchit sans le voir la frontière espagnole sous une pluie qui ne s'arrête plus. Il décide d'enfiler sa combinaison de pluie même s'il est malheureusement déjà trempé. De mon côté par flemme d'ouvrir et retourner les sacoches je continue comme ça. Pas de miracles les gouttes tombaient petit à petit dans les bottes, je me suis geler les glaoui. La fin de journée approche mais quelques passages dans le gras nous redonnerons le sourire, les motos se comportent bien mais ça chasse de l'arrière à chaque franche accélération. Quel pied ces chemins, en plus c'est beau comme jamais. Il me traine même dans un petit single où ma transmission trop longue me file des galères pendant que ce dernier part gentiment à la faute.
Par contre les espagnols sont bizarres, pendant tout le parcours nous étions dans une zone où il était interdit de ch...!
Bientôt 19h, il est temps de trouver un coin pour dormir, après avoir suer comme des cochons puis congelés par le froid, on est claqués! On cherche on cherche, mais il y avait soit trop de mouches, soit c'était des terrain privé, soit pas assez plat...
Désespérés on trouve place au dessus d'un château d'eau ! Lavage à la bouteille d'eau, semoule et chips dans la tente et zou, chez les doux bras de Morphée.
On a fait à ce jour 190km, 50% d'off road.
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Jeudi
Bon, on a eu froid cette nuit! Seul les rayons du soleil nous feront nous lever. Quel "bonheur" de devoir enfiler tout l'équipement trempé au petit matin! La suite sera bien plus intéressante, des pistes roulantes, des range rover abandonnés au milieu de nulle part
En revanche cette journée sera vraiment magnifique, les pistes nous ont emmenés sur les cols des Pyrénées et d'Andorre. . Ici le pic de Negre de claror à 2642m.
Incroyable que ça soit autorisé, on a eu l'occasion croisé des enduristes et des traillistes en Africa Twins ou autre GS1200kg. Un vrai paradis.
L'air frais de la montagne mélangé à la grosse chaleur du soleil nous ont fait atterrir dans un petit coin pour manger. Au menu ce sera : SAUCISSES ! On en profitera pour faire la lessive au savon d'Alep, histoire de pas polluer, mais d'avoir des affaires propres.
Ici en haut d'un rocher, petit écart au tracé.
Une petite sieste salvatrice au soleil, les pieds dans l'herbe et le champs des oiseaux dans les oreilles... J'aimerai tellement que ces moments durent plus longtemps.
Les affaires ne sont en revanche pas sèches, tant pis on les enroulent sur les tendeurs des motos et zou. Pour la suite encore des pistes, assez fatigantes car il y beaucoup de passages surélevés du genre " coupes d'eau" qui obligent à bien ralentir avec tout le chargement, ou à mettre un franc coup d'accélérateur pour la sauter; Ce qui se fera au gré de nos humeurs et notre fatigue. Il faut dire que chargées comme ça les motos prennent très cher, il faut vérifier régulièrement le chargement de tout le bazar ! Seb brulera d'ailleurs un tendeur et sa sacoche, sans oublier sa bouteille d'essence qui se faisait la malle! Ma plaque finira elle aussi par se briser, je ferai le reste du week-end en toute i-l-l-é-g-a-l-i-t-é
Fin de journée est en revanche compliquée, les pistes n'en finissent plus, on se perd de plus en en plus à cause des traces pas forcément bien dessinées, on ne prend presque plus le temps de regarder le beau paysage, la fatigue est là.
On arrive quand même à trouver un coin vers 19h au bord d'une rivière, toujours pleins de sueur et de poussière on finit par se laver dans la rivière et à la bouteille d'eau Quoi de mieux...
Problème en revanche on a pensé à faire le plein d'eau, on est à sec.. De plus à la première soufflette dans mon matelas gonflage je manque de m'évanouir. Seb n'est pas bien en forme non plus bien que mieux reposé. Après un couscous et chorizo local Seb doit aller chercher de l'eau dans la ville la plus proche... Fin de soirée compliquée pour moi, je suis ballonné.
A ce jour, grosse session piste je dirais un bon 70-80% d'off road, 245 km.
Vendredi
Début de journée difficile, à dire vrai je me suis vidé du cul et de la bouche toute la nuit, j'ai du chopper une m...e en buvant l'eau des vaches ou bien une insolation.
Bref c'est horrible de rouler comme ça sur les chemins, je suis dans les choux, j'ai mal au bide, j'essaie de suivre Seb histoire de me forcer à avoir du rythme et tomber du kilomètre.
Les terres sont arides, de couleur rouge ocre! Magnifique! On pourrait presque se croire dans des déserts américains par moment, mais j'ai qu'une envie c'est ch... et vomir!
Puis on arrive à un moment sur une montée de cailloux... Punaise c'était vraiment compliqué ! Le genre de chose qu'on peut largement faire en enduro !
Du coup ça a pas manqué, avec le poids le mauvais équilibre et la transmission trop longue je me suis tanqué. Impossible de rapartir au début, ça patinait dans tous les sens et avec la transmission trop longue je faisais fumer l'embrayage. Seb a aussi un peu galérer à monter, je ne l'entendais plus à l'intercom signe qu'il s'était quand même suffisamment éloigné. Franchement ça me semblait impossible à faire en Maxi trail ou même avec des pneus sans crampons. A voir! Pour le coup ça sera la seule vrai difficulté de la journée, on a continuer de s'arsouiller sur des pistes bien caillouteuses qui mettent bien a mal les parties cycles des motos. Il faisait chaud, beaucoup de luminosité, toujours assez éprouvant car s'éfforçait d'avoir un bon rythme contrairement aux dernières sorties qu'on avait prit beaucoup plus à la cool. On est même tombé sur un van abandonné avec des mecs du TET sont déjà passé, énorme.
A la première ville arrive presque à court d'essence, malgré le fait d'avoir fait pas mal de roue libre pour s'assurer d'arriver, on mettra finalement 9,5l sur 10l dans le XR et 7,3l / 8l dans le WRR.
On a pour la suite essayé de manger dans un vieux restaurant, mais une tenancière fort peu aimable nous a bien fait comprendre qu'il était trop tôt pour manger, pétasse d'espagnole il était simplement midi ! À ce moment là on crève de chaud, fatigués, on voit sur le GPS Garmin la présence d'une aire de repos à quelques kilomètres, Seb va donc faire quelques courses espagnoles et on y fonce. Là on tombe sur un un petit endroit paradisiaque, source d'eau sortant des entrailles de la terre et tables à l'ombre. A dire vrai on aurait même dit un petit endroit de pénitence et la baignade y était interdite. Ça ira bien pour se laver, faire la lessive et se reposer !
On repart, pareil, sous une chaleur torride. On finit par arriver en fin de journée sur une grosse piste qui monte et qui monte, encore de lacets à n'en plus finir! Les tkc sont en fin de vie et m'offrent des gros travers comme j'ai rarement pu en faire, c'est ma première moto un peu plus puissante pour les chemins ça fait tout drôle.
Encore une fois, le parcours nous propose un panorama incroyable, on longeait littéralement les sommets de crêtes des montagnes, au milieu des chevaux et vaches errantes. Il n'y avait rien si ce n'est des paysages et des paysages.
D'ailleurs j'en connais un qui a respiré un peu trop de poussière aujourd'hui!
En revanche vu l'heure il est temps de trouver de quoi dormir. Mais on est trop en altitude pour pouvoir dormir dehors serainement.
On tombera sur un premier refuge sommaire, malheureusement occupé par des Espagnols. Shizen! On continue donc dans l'espoir de trouver l'impossible... Et au détour d'un virage il est là ! Le refuge du possible ! A l'intérieur tables, dortoir, le nécessaire déposé par chacun en cas de besoin et petit livre souvenir. On est aux anges !
On décide de se laver cul nul face aux montagnes et à la bouteille d'eau. Je crois qu'on peut difficilement faire plus simple et plus appréciable. Le repas sera aux cookies et au digestif verveine car on a plus rien, mais mieux que rien ! Allez c'est parti s'endormir, au chaud, pour une fois.
Puuuutain de m...e ! 22h30, on entend taper à la porte: " Holaaa? Holaaa??" Complètement sonnés, on descend et on tombe sur un couple d'espagnols. Assez intrusifs, on comprend qu'ils veulent séjourner là mais on se fait comprendre que le fait que la seule place disponible restera en bas ! Et là l'enfer commença. On pensait qu'ils viendraient juste poser leur matelas car on leur avait expliqué qu'on devait partir à 7h du matin le lendemain. Mais ces gros bastardos se sont mis à déballer toutes les affaires, gonfler leur matelas à la pompe à vélo, trancher du pain pour se faire à bouffer et autres conneries ! J'ai du retenir Seb de ne pas aller leur dire fermer leurs gueules, mais j'aurais du le laisser faire. Cerise sur le cookie le mari se met à ronfler comme un rat mort à 2h du matin ! Notre seule revanche sera de n'avoir pris aucunes pincettes le lendemain pour le réveil.
Pour cette journée, un bon 70/80% d'off road. 230 km -
Samedi
Le départ se fait ainsi plus tôt que d'habitude, on croisera pleins de biches sur la route de la descente de la montagne, en roue libre. Magnifique. La suite enchaînera sur une piste passante au milieu d'un parc naturel, faune et flore abondante, fraîcheur du matin, encore et toujours incroyables ces montagnes.
Une fois repassé du côté Français la suite du parcours sera moins intéressante, beaucoup de routes qui coupent simplement à travers champs dans des bourbiers.
En plus il y fait chaud, et on a rien mangé pratiquement. Du coup ça sera pause burger et ça repart! Cette journée de samedi sera d'ailleurs la dernière. Pour l'instant on continue sur la trace mais il fait toujours très chaud, les pistes sont piégeuses avec beaucoup d'ornières où je perds souvent l'avant. J'ai du tomber 4 ou 5 fois sans gravité, mais c'était un coup à se faire une cheville. 17h, on succombe de fatigue et on décide de tracer directement au camion. On repart encore sur 4h de route, mais cette fois ci au frais!
En fin de journée nous avons fait environ 420km. Pour un total de 1082 km de mercredi 13h à samedi 18h. 38km/h de moyenne, en comptant quelques pauses.
J'avais jamais fait "autant" d'off road de ma vie, on a réussi à s'arsouiller par moment, au point que ça soit un peu trop dangereux. Les pauses rattrapaient bien sur toute la moyenne.
Voici la gueule des pneus avant et après. TKC 80 (4200km) ET ANAKEE WILD ( 1082km)
Petit résumé rapide: Pas de grosse difficulté technique mit à part une ou deux montées pleines de cailloux qui à mon sens exigent une bonne dextérité une fois chargé, impossible tout seul avec un maxi trail. Un panorama juste incroyable, sans aucun doutes que mon référentiel a été bousculé, on a eu accès à des endroits qui me semblaient absolument interdits en France, mais en Espagne et Andorre c'était possible. Pour moi des pneus à crampons sont presque obligatoires si on veut avoir un bon rythme, dans quelques passages où s'il fait gras ça sera d'ailleurs presque impossible sans. Mais il faut avant tout de bonnes suspensions! Avec touts les cailloux, coupes d'eau, c'est super exigeant pour la partie cycle. Après encore une fois tout dépend de l'allure qu'on veut y mettre. Niveau autonomie je dirais qu'il faut au moins 200km histoire de rouler pénard, mais on peut avoir moins si on s'arrête souvent chercher une station. On avait prévu d'ailleurs chacun 1,5L d'essence en plus dans une bouteille d'ice tea, malgré la chaleur / secousses ça n'a pas bougé.
Niveau budget on en a eu pour environ 200E/personne, pour 4 jours avec en tout 70E de péage 90e de gasoil. A rajouter donc essence de moto, et juste la bouffe.
J'avais toujours le petit gps de randonnée le GARMIN EXTREX 20X. Il suffit amplement pour la lecture de la trace, mais pour arriver à se situer sur la carte totale il vaut mieux prendre le portable. Les 2 piles LR6 ont permis de durer 3 jours et demi, luminosité minimum.
En bagage j'avais 2 sacoches latérales enduristan de 2x12l + 1 sac polochon de 30L. Donc ça contenait une tente quechua 3pers, matelas gonflable, duvet, et le nécessaire restant.
Après si c'était à refaire, presque des étapes dortoirs faciliteraient extrêmement l'ensemble du parcours, encore une fois ce n'est pas le dakar hein, mais c'est quand même bien fatiguant. Ajouté à cela la chaleur, saleté, crasse qu'on avait sur nous, on a rarement été aussi contents de rentrer finalement ahah.
C'était tellement beau, tellement simple, partir en moto à la découverte d'endroits encore inconnus fait encore partie des plus belles choses qu'il nous ait possible je pense.