Novembre 2019 Préface28 octobre 2019 : autorisation du chirurgien orthopédique à remarcher. Il me conseille également d’attendre mi novembre pour refaire de la moto. Ce que j’ai entendu : - si vous pouvez poser le pied vous pouvez rouler, mais pour une sortie tt engagé : attendre le 15.Dimanche 3 novembre : Je poste un message sur un groupe Facebook de mon département : - Il fait plus ou moins beau, reprise de la moto, donc rythme tranquille, ça branche quelqu’un ?
Une réponse, Antoine a à peu près mon âge, il roule en KTM 690 super motard… Aïe, aïe aïe, j’espère qu’il a bien lu : roulage tranquille.
Mais oui, d’Aubenas départ vers St Andéol De Valls, sur route humide, couverte de feuilles luisantes… je suis plus que raide comme un bâton. Heureusement Antoine est à la cool, il donne le rythme et ouvre la route, pause à Antraigues Sur Volane, le village de Jean Ferrat. Youpi un café ouvert, j’aime terriblement la sensation de la tasse de thé qui brule mes paumes. Le froid en bécane c’est dur à supporter, mais ça s’évanouie assez vite je trouve.
Le soleil se couche, nous repartons. Les monts d’Ardèche ruissellent de petits cours d’eau à cause des derniers jours pluvieux, la vallée encaissée offre de beaux points de vues. La blague c’est qu’Antoine vit dans un village où j’ai vécu 5 mois, j’y connais quelques pistes car j’y faisais de la courses à pieds. La blague c’est qu’il les connait aussi car il est paysan et que les champs que je lui décris avoir longés sont les siens. Nous décidons de repasser par là pour rentrer. La nuit est tombée quand nous entamons les pistes. C’est la première fois que je roule en tt de nuit. Mon phare n’est vraiment pas dingue mais je vais vite, je n’ai pas les jambes qui tremblent, enfin, je n’ai plus les jambes qui tremblent. C’est fou car avant dès que je sortais de l’asphalte mon cœur s’emballait et mes jambes devenaient du chamallow. Mais là, rien de tout ça, c’est fluide, même plus que sur route. Bon après c’est des pistes propres ! Antoine me suit avec ses pneus ultras routiers, je ne sais pas comment il fait, il évite avec une grande aisance les petits passages d’herbe humide, je suis fort étonnée. Nous nous disons à bientôt sur cette information : Sa KTM est en vente car il souhaite s’acheter un trail. C’est pas pour dire mais je crois que la seule chose qui lui manque pour être meilleur que moi en offroad, c’est un trail (enfin quoi que même en KTM il est meilleur). Je suis dégoutée ahah mais heureuse, j’ai trouvé un voisin qui fait du offroad aussi !
Mercredi 6 novembre : Mon phare arrière ne marche pas… Mais le feu stop si. Comment ça marche là-dedans ? Je regarde sur la Revue Technique, je ne trouve pas vraiment la marche à suivre. Je regarde sous mon garde boue au niveau du phare il y a une trappe en silicone… Quelque chose me dit que ça se passe là.
Je regarde un forum et là, angoisse et perdition. Un bonhomme raconte qu’il a dû démonter le garde boue, enlever 25 vis, etc. Bord** j’ai pas tous les outils. Foutue pour foutue je creuse la piste de la trappe en silicone je force dessus, elle est presque jointé avec de la boue ahah j’ouvre je tombe sur le support du cul de l’ampoule. J’essaie de le faire tourner… Rien ne bouge…
Angoisse et perdition
#2… Je re-regarde sur le forum, je fais glisser les messages et là quelqu’un dit au premier bonhomme : - Tu te fais chi** pour rien y’a une trappe en silicone, enlève là, demi quart par un sens ou l’autre tu le retire et tu changes l’ampoule… MIRACLE, je trifouille je fini par faire coulisser cette m...e, ahahah mais c’est simple comme bonjour, même pas besoin d’outils. Les concepteurs de cette Freewind sont des génies !
Entre le 5 et 10 novembre : Je retourne sur les pistes plusieurs fois, je me rends compte que rouler de nuit m’a totalement trompé sur le niveau de difficulté de celle-ci. Elles sont en fait plus raides que ce que j’avais ressenti de nuit.
Il y a beaucoup de cailloux de mer** çà et là en travers. Je me rends alors compte que rouler de nuit modifie totalement mes sensations. Ma portée de vision était réduite à cause de l’éclairage du phare, je ne pouvais faire face qu’à ce qu’il y avait proche de moi et le reste finalement n’existait pas ! Je partage ce constat avec
@Speedboarder. J’espère qu’il vous fera lire ce qu’il m’a dit à ce sujet. Il y a beaucoup de belles plumes sur T&B !
Lundi 12 novembre : Je vais chercher un colis… Encore ce
@Speedboarder, et oui entre freewindeu.r.se.s il y a beaucoup de solidarité et de dons, une sous communauté de la grande communauté trail . C’est noël avant noël, des clignotants d’origines, un support de top case, etc. Je déballe ça comme une hystérique. Merci encore l’ami !
Mardi 13 novembre : Je vois Antoine, je lui ai parlé de la nouvelle T7, visible chez le concessionnaire Yamaha d’Aubenas, elle est à l’essai. Je lui dis qu’elle pourrait correspondre à son usage. Je ne sais pas si j’ai un grand pouvoir de persuasion ou si je prêchais déjà un convaincu mais il veut l’essayer, alors on part faire une petite balade, cette fois nous convenons que sur route il ne m’attend pas, il tartine. Qu’est ce qu’elle a l’air plaisante cette T7 ! Nous faisons quelques pistes.
Je ne suis plus devant, je suis doublée ahah. Je ne la teste pas car je suis encore A2 et elle n’est pas bridée… Je bave, Antoine accepte de me porter, je ris parce que je pensais qu’on resterait sur route, mais non il me trimballe sur un chemin, je suis soufflée, la bécane nous porte comme si nous étions des mouches (et on va dire que je ne suis pas du gabarit type : mouche ahah). Cette parenthèse en T7 était agréable, Antoine cherche une bécane polyvalente, duo, offroad, road, longs trajets. Je pense qu’elle peut lui convenir. Il a réussi à vendre sa KTM, il cherche activement sa nouvelle promise, affaire à suivre.
Jeudi 14 novembre : J’ai un entretien au Cheylard, c’est alerte orange de tempête de neige sur l’Ardèche… Je n’ai qu’un moyen de locomotion, ma Freewind. À 9h j’appelle mon interlocutrice : - Vous maintenez le rendez-vous ? - Oui.
Très bien je vais prendre un détour pour rester basse en altitude. Je monte vers le col de l’escrinet équipée comme la mère noël. À un carrefour la gendarmerie arrête les véhicules : - Il commence à neiger en haut, la neige vous fait peur, vous êtes équipée ? Un œil à mes pneus, c’est bon, je peux repartir… Je commence l’ascension. Et là, la neige, le blanc, la déneigeuse me croise dans l’autre sens. Le silence, le silence étouffé de la neige. Je roule doucement, le bruit de mon pot ne vient pas troubler ce silence sourd. Les rares véhicules que je croise sont couverts de neige. Je comprends vite que le moindre coup au niveau de mon freinage ou rétrogradage s’accompagne d’un chassé de ma roue arrière… C’est la première fois que ma Freewind goûte à la neige, enfin avec moi. Je continue, je passe le panneau col de l’escrinet ! Là les flocons sont plus que gros, ils sont accumulés, des plaques comme ma paume viennent se poser en silence sur moi, ma Freewind… Et là c’est une couche épaisse, même très épaisse qui tapisse le sol, je roule lentement en faisant peser mon poids sur les roues… Mais ce sont mes deux roues qui commencent à chasser ! Je m’arrête, je béquille…
Une voiture me demande si tout va bien… J’ai pris ma décision je vais faire demi-tour. Je remercie les gens dans la voiture de s’être inquiétés. Un camion qui vient de Privas s’arrête je lui demande comment et la route jusqu’à là-bas, il me dit : - Rien de mieux et ça tombe, ça tombe ça ne s’arrête pas de tomber… Je rappelle mon interlocutrice et j’annonce que j’annule mon rendez-vous. Mon interlocutrice me rappellera plus tard pour me dire que j’ai eu raison d’annuler, d’autres personnes devaient venir et ont du s’arrêter en chemin et prendre des hôtels.
Je fais demi-tour, et me voilà repartie en descente, la trace de la déneigeuse que j’ai croisé en montant est déjà recouverte. Je rentre chez moi, décision prise : je veux faire une hivernale !
Mardi 19 novembre : Départ pour Montpellier, enfin tout d’abord vers le Pic Saint Loup, j’y retrouve Pierre (en 600XLM) et Antoine (un autre, qui roule en Ténéré 660, avec les deux phares à l’avant) ! Ce sont deux garçons avec qui j’ai déjà roulé sur cette trace, nous ne l’avions pas terminée car… J’avais tordu mon guidon… Nous refaisons donc cette balade !
Je fais une chute… Peut être deux ou trois mais rien de terrible, je m’arrête devant plusieurs passages, et je cris : - NON je vais pas y arriver. Pierre et Antoine sont deux personnes avec qui j’adore rouler, rythme ballade, pause pour se désaltérer, déconnade, encouragements, félicitations.
Et je vais le dire ici pour le graver dans la roche : Antoine est le seul homme avec un top case XXL en tt que je respecte, pas une chute, rien, quelle maîtrise ! Ce terrain est assez sec mais caillouteux !
Ça tape fort sur la fourche, ça cogne légèrement le sabot moteur. Pendant la balade on parle pression des pneus, moi je dis que j’ai 2,2 à l’arrière et j’ai jamais besoin de refaire la pression, enfin je l’ai jamais fait depuis… Juillet… La sortie se termine. Antoine me dit que je dois penser positif, si je me dis que ça ne va pas le faire, y’a pas de secrets ça va pas le faire. Et ce conseil me frappe. Je ne suis d’habitude pas cette personne, je crois être assez optimiste et frondeuse. Je crois bien que mes fractures au pied m’ont légèrement plus traumatisée que ce que j’aurais cru. Je demande pardon à mes amis pour cet état d’esprit défaitiste, et le rendez-vous n’est pas officiellement pris, mais nous repartirons en balade ensemble.
Ah et je vous ai pas dit : j’ai essayé la Ténéré 660 d’Antoine ! Bah, c’est pas du tout agréable à conduire, les pédales sont à 15 km des cales pieds, l’embrayage est dur comme du bois, et puis… Et puis je cale au niveau du rond-point avant le parking. Bon sang, soit je suis complètement pas douée, soit sa moto n’est pas terrible, soit… C’est comme je j’avais été moulée pour ma Freewind (ou bien c’est elle qui s’est moulée à moi
), il n’y a qu’elle qui me va désormais !
Mercredi 20 novembre : On aurait dû le faire en octobre mais je me suis cassé le pied, me voilà à nouveau avec Pierre qui m’a proposé son aide pour faire mon jeu aux soupapes (oui des fois je regarde le tableau de ma RT et je me dis : oh putain faudrait peut-être faire quelques-uns des entretiens qui sont indiqués la d’dans) ! Pierre est un excellent bricoleur, je peux même m’avancer et dire qu’il a un savoir-faire de mécano’ ! Nous voici donc à son garage ; et là, comment dire, j’ai jamais autant foutu à poil ma Freewind, bye bye le réservoir, ça me fait tout drôle et très peur !
Le caoutchouc de mes pipes d'admission est vraiment très abimé, Pierre s’en inquiète ! Au niveau des deux trappes de mon jeu aux soupapes c’est sale, huileux ! Une fuite surement, on enlève les caches, les joints sont tellement vieux qu’ils sont tout secs et rétractés (je n’ose pas la blague douteuse à laquelle nous sommes tou.te.s en train de penser ahahah), ça doit bien venir de là c’est sûr, nous avons bien pris le soin de tout nettoyer, on procède donc aux réglages de mon jeu aux soupapes, c’est du côté de l’échappement qu’il y avait le plus de réglages à faire… Je trouve ça tellement minime que sur le moment je ne comprends pas bien ce que ça va changer…
On remonte ma douce, Pierre m’aide à détordre ma pédale de frein, il m’aide à faire ma purge de frein avant, et aussi à tendre ma chaine, je la nettoie avec grand soin. Pierre me fait essayer son 350 DR, putain, putain j’ai les pieds qui touchent par terre ! J’aime les DR, j’aime la Freewind, j’aime SUZUKI !
Nous voilà repartis pour faire deux, trois petits chemins et me mettre sur la route d’Alès pour rentrer chez moi, sur le chemin tout se passe bien, c’est beau, Pierre connait bien autour de chez lui. Je trouve ça beau les gens qui connaissent les chemins autour de chez eux comme leur poche, je suis alors celle qui rend visite et qui s’émerveille de tout ! Cerise sur le gâteau, sur une portion de route j’ai le droit d’essayer sa XL ! Je suis tellement saucée, et pour le coup, j’aime énormément la conduite de cette dernière, quelle pêche ! Et puis je le sais c’est la prunelle de ses yeux cette bécane, c’est donc le signe d’une grande confiance… Alors peut-être que je suis pas tant une m...e que ça niveau « pilotage » ahah !
Je rentre à Aubenas, la nuit tombe… J’ai la désagréable sensation que mon pneu chasse tout le temps… il fait très froid mais de là à ce que ça ait verglacé ? Je ne crois pas ! Je prends de l’essence à Alès, puis je repars en espérant trouver à St Ambroix un café ouvert… Je n’en vois pas… Enfin si, une seconde trop tard, le bar est derrière moi et déjà je pense à rejoindre Saint Paul Le Jeune et le café que je pourrai y trouver… Pas le temps d’un demi-tour, à St Paul je trouve mon bonheur ! Lumière, et chaleur m’accueille, 3 bonshommes sont au comptoir… La patronne me fait un grand crème, il y a un chat sur la banquette, quoi de plus doux que de caresser ce petit être poilus quand on a les doigts glacés !
Puis toujours cette sensation de la tasse brulante sur laquelle je plaque mes doigts… Je repars, j’enfile mon 31 (mes équipements quoi) un des hommes me regarde avec insistance, je le regarde aussi il me lâche : - Ah bah ça c’est vachement sexy (je crois qu'il fallait rire) !
Si tu savais pauvre m**** ce que j’en ai à fo**** de ton avis, de ton consentement à la tenue que je porte…
Je lui répond avec un grand sourire : - Ah vous savez avec ce froid j’en ai vraiment RIEN À FOOT-R d’être sexy… Le gars a les oreilles qui saignent, je l’ai choqué je crois, je m’en fiche, j’en ai marre de rester polie, si féminine rimait avec sexy, c’est clair que ça me donne envie de crever dans un caleçon Damart (référence ici à Guillermo Guiz et sa chronique sur France Inter) ! Je rentre saine et sauve, encore une fois.
Vendredi 22 novembre : Je vais faire changer mon pneu arrière, j’ai une sortie tt endurisante prévue pour dimanche, déjà que de tous je vais avoir le trail imposteur, j’ai envie que mes gommes accrochent, et mon arrière commence à être fatiguée. J’ai beaucoup roulé avec, et finalement sur route majoritairement. De plus je ne prends pas le virage comme un Fangio enfin ça c’est mon explication, alors mon pneu est légèrement carré… Quand je viens récupérer ma Freewind, le monteur me dit : c’est normal que votre pneu se soit usé carré, vous étiez complétement sous gonflée, et puis ce dont vous m’avez parlé, l’impression de chasser continuellement de l’arrière, c’est aussi à cause de ça, ça a déformé le pneu d’une manière assez dangereuse. Je me sens conne, j’ai du mal à penser à tout, bien sûr il faut vérifier sa pression de pneus régulièrement, je vais désormais faire plus attention !
Samedi 23 novembre : Alerte orages en Ardèche. Ma sortie prévue dimanche est dans le Forez (prononcer Foré) c’est vers Saint Étienne… À 2h40 de route de chez moi. Je décide de partir bien plus tôt que l’heure, je rode aussi mon pneu arrière alors, prudence. Je fais une halte à Saint Étienne d’où je repars avec Lucas, jusqu’à chez Franck qui nous héberge et qui sera notre guide et éclaireur demain (oui parce que dans le Forez aussi il a neigé des masses et on ne sait pas franchement ce qu’on va trouver dans les chemins).
Au départ d’Aubenas il fait sec, super, je passe le col de la Chavade, sur le bord des routes la neige accumulée n’a pas fondu. En route vers le Puy en Velay et le rond-point Lentilles (vous le connaissez celui-là ?) je commence à me prendre une bonne gros saucée sur la gueule, je n’aime pas ça, je n’aime pas ça du tout… Je suis trempée, gelée, déjà fatiguée. J’arrive à Saint Étienne, Lucas me propose gentiment de déposer mes affaires chez lui, quelle chance, j’enfile mes fringues sèches ! Et finalement nous voilà parti pour une visite ! Saint Étienne est une ville bien plus belle que ce que je m’attendais à voir, les bâtiments sont impressionnants ! On va boire un thé, encore une fois tasse chaude, mes doigts brulent, cette fois encore je le sais, je ne les perdrais pas ahah.
Nous partons de nuit, on arrive chez Franck, la soirée se déroule autour d’un atelier complétement barré : réalisation d’un aligot, on fait filer, on tente du moins, nous tombons plus de 3,5kg d’aligot à nous 5, je ne suis pas originaire de l’Aveyron pour rien tiens ahah ! Le lendemain matin, 8h les motos chauffent je fais mon niveau d’huile avec Rémi. Oulah va falloir que je fasse bientôt ma vidange j’ai l’impression d’avoir eu pas mal de perte depuis le dernier niveau en août. La sortie débute, Et alors là… Comment dire… je suis tombée, tombée, tombée. Le Forez c’est superbe, mais alors je n’ai jamais eu de terrain pareil sous mes gommes, la pierre est granitique, rugueuse donc elle accroche. Mais la terre était aussi gorgée d’eau. J’ai buté à des moments que j’aurais pu passer, j’ai réussi des moments bien plus horribles. Franck me répétait : - Regarde loin, regarde loin. Je souffrais pour la Freewind, des grands pocs dans le cache moteur, mes fourches sûrement au maximum de leur débattement, mon radiateur d’huile environ trois fois immergé dans l’eau.
J’ai fait une chute assez prononcé dans une sorte de boue mouvante… Et j’ai… tordu mon guidon et éclaté mon miroir de rétroviseur gauche… C’est dommage pour le matériel. Mais cette sortie était la plus endurisante que j’ai faite depuis la fin de ma convalescence, et la découverte d’un nouveau terrain c’est pour moi assez synonyme de casse. À 14h on a réussi à trouver une auberge pour nous ravitailler.
C’est à ce moment que j’ai annoncé que je ne reprendrais pas les pistes après manger, j’étais fatiguée, détrempée de la tête au pied. Je commençais à avoir l’état d’esprit dont me parlais Antoine à Montpellier, perdu d’avance. Je dois avouer que c’est la première fois que j’arrête une sortie avant la fin… Mais je crois que c’est la bonne chose à faire. Antoine à Montpellier m’a dit : on est là pour se faire plaisir et profiter si ce n’est pas le cas, on arrête. Il avait raison. Je ne prenais plus de plaisir j’avais juste envie, enfaite non j’avais juste plus du tout envie. J’ai peiné à rentrer. J’ai pris un détour pour redescendre vers des températures plus agréable… Sainté, Annonay, Tournon sur Rhône, Privas, Aubenas. Jusqu’à Tournon, la nuit tombait jusqu'à me plonger dans un beau noir opaque… Je songeais… je songeais, j’étais abattue, je n’ai pas été vaillante, je me suis énormément énervée, j’ai relevé ma Freewind avec tellement d’énervement que je l’ai rebasculé de l’autre coté au moins trois fois (glurps). J’ai encore une fois laissé échapper tous les noms d’oiseaux possibles envers mes camarades de sortie. Quelle tristesse de se sentir, d’être le vilain petit canard. La trace faisait 300km, durant la matinée nous en avons fait… Légèrement plus d’une soixantaine.
Dans la pratique du trail j’aime les paysages, j’aime ces ambiances qui nous entourent lorsque nous pénétrons dans des sous-bois aux couleurs de l’automne, dont le sol est cheminé par des ruisseaux. J’aime voir les vaches paitre l’herbe verte des champs, j’aime lire le terrain, j’aime encore mieux slalomer et tenter de trouver le passage le plus agréable pour ma Freewind. Je sais aussi que parfois il faut mettre du gaz pour arriver à survoler les obstacles. Mais je n’arrive pas à appliquer tout ça, du moins pas quand il y a ça à penser, plus le fait de choisir la gauche plutôt que la droite, regarder loin, prendre les racines perpendiculairement, etc. J’ai alors le cerveau qui disjoncte et je me mets à tout insulter. Hier sur le trajet du retour, c’est la première fois que je me sentais lasse, dépitée… Oui, abattue car je me suis totalement sentie être un poids, et finalement être toujours la débutante de la bande. J’ai l’impression d’avoir buté…
Arrivée à Tournon, transie de froid je me suis arrêtée boire un café… Le barman me dit qu’ils ont nettoyé la machine, ils ne font rien de chaud… j’ai envie de pleurer. Le barman me propose un thé, je suis reconnaissante, il me sert. Et encore, la porcelaine qui brûle mes mains, la buée qui vient chauffer mes joues quand je souffle sur le thé… Je me réchauffe, et toujours cette sensation de souffle de vie. Je reprends la route, direction Aubenas. La déprime a laissé place à la douceur, j’imagine sur ma gauche le Rhône, gonflé des pluies du weekend qui se dirige, surement mais calmement vers le sud. Puis je me souviens : depuis que j’ai passé les 85 000km de la Freewind je redoute chaque sorties :
- et si c’était la dernière ?
- et si cette fois c’est elle qui lâchait ?
- 88500, un mono, ça commence à faire ?
Et ce soir là encore, toutes les deux nous rentrons à bon port. Elle grince, elle est cassée par endroits, tordue. Mais ce soir encore, nous avons affronté quelque chose de nouveau, je n’avais jamais fait une sortie off road engagé par temps détrempé, je n’avais jamais passé des gués aussi importants, et cette fois je les ai passé sans chuter. Je n’avais jamais roulé dans 5 à 10 centimètres de boue, je n’avais jamais… En fait c'est ce mois de Novembre que je n'avais jamais. Cette saison : l'hiver, que je redécouvre au travers de ma nouvelle pratique ! Ainsi donc un mois de découvertes, d'apprentissages, un nouveau mois qui se termine au guidon de ma chère Freewind.
À tou.te.s ce.lles.ux que j’ai rencontré, que je rencontre et que je rencontrerai grâce au trail. À tous les terrains que j’ai, je vais encore découvrir ! Au trail et à ma Freewind, la plus fiable, la plus robuste des machines, la mienne quoi. Pour terminer ce long CR, les paroles d’une chanson de Kenny Arkana « Fille de vent », ça colle drôlement bien à ma Freewind
" Fille du vent
Parce que je combat l'inertie
La routine je fuis
Appelle-moi, appelle-moi fille du vent
Parce que la vie est mouvement
Leur système n'est qu'un sable mouvant
Appelle-moi fille du vent
Parce que je suis née
Pour vivre entre les mailles de vos filets
Appelle-moi, appelle-moi fille du vent
Parce que la routine endommage
Parce que la vie est mouvement
Et que je veux lui rendre hommage "