Objectif Bogomilie !!!

J 5 255 kms
Bihac - Ramsko lake

Après une bonne nuit, estomacs non ballonnés (merci les croates), nous filons plein sud à travers de belles montagnes assagies.

Dès le plein fait, nous décidons d'un petit déj pour remplir nos pauvres estomacs : essence, aliments, resto, tout se règle en euro ce qui n'était pas le cas en Croatie.
Les maisons bombardées résistent toujours à côté de nouvelles demeures aux briques apparentes.
Nous croisons quelques motards locaux :



La Bosnie possède une partie de son territoire sous juridiction serbe et ceux-ci ne manquent pas de le faire savoir.



La campagne apprécie ces pluies quotidiennes, de multiples odeurs parviennent à nos narines.



Le timing respecté nous permet de prendre notre temps sur des routes désertes.

J 5 suite ...

Les églises ont remplacé les mosquées de Bihac.



Au bord des routes, des jeunes ou des mamies proposent des légumes ou, plus rare, des CD d'un autre âge que les plus jeunes ne connaissent pas.



Un joli lac justifiera notre arrêt pique nique un peu à l'écart des pédalos.

J 5 suite

Il est temps de repartir, il serait bien d'arriver avant l'orage, pour une fois ...





Plus nous approchons du lac de Ramsko, plus les drapeaux croates fleurissent aux fenêtres des maisons, sur le capot des Golf antiques ou sur le dos des piétons. Sommes-nous bien en Bosnie ?
Réussira-t-on à manger ce soir ? 

Ce lac est pratiquement divisé en deux par un bras de terre qui permet d'atteindre une colline où quelques villageois ont élu domicile. 

J 5 suite et fin

Au sommet de cette presqu'ile, une auberge  est la bienvenue. Ils acceptent que nous posions la tente sur un carré d'herbe en bordure du parking : vue imprenable.

A gauche :



A droite :



Le patron nous apprend qu'ici, une importante communauté croate vit en Bosnie. Pour la discrétion, c'est raté, mais ce soir, nous pouvons manger une belle assiette de "mixed meat". Alors que nous sommes attablés, plusieurs grosses berlines se garent et des croates en descendent. Ils regardent les plaques de nos motos et passent en nous ignorant. Au moment d'aller régler, je les retrouve devant la télé se repassant le match. Je m'éclipse.

Le lendemain matin, je retrouve le patron assis devant sa télé, énième rediffusion, la tête entre les mains, au bord du gouffre. Faudra leur dire qu'il y a autre chose dans la vie : la moto par exemple ...
ou la bière :

Merci pour la lecture
.

Je n'en ai pas bu de celle-là !!!

J 6  255 km
Ramsko  - Sarajevo

Un avantage de rouler en himmie : on regarde tout autour de soi, sans s'inquiéter du temps qui passe. Accélérer est un mot vulgaire qui ne flatte que son amour propre. Car nous avançons malgré tout et le principal se trouve de chaque côté de la route. Le soir arrivera et nous nous poserons, mais pour l'instant, ce sont les paysages qui animent nos journées.

J 6 suite ...






Bucolique, je suis en train d'en comprendre le sens.
Pleinement ...
Il aura fallu quelques jours pour ne faire qu'un avec notre environnement.

J 6 suite ...

Les premières montagnes approchent. Au sud de Sarajevo, les bogomiles ont élus domicile. A l'écart du monde et des grandes routes vers l'orient, ils ont pu tenter de propager leur nouvelle religion.





Des pancartes indiquent "mine". Accompagnées d'une tête de mort, elles sont sans équivoque : nous nous soulageons sur la chaussée. Téméraires mais pas suicidaires...

J 6 suite ...

L'absence d'indication dans les intersections nous oblige à improviser : on aime !!!
Puis la route devient chemin de pierres. Au bout de quelques kms nous prenons le temps de faire le point à un nouvel embranchement. Une voiture passe et son propriétaire nous indique de faire demi-tour. C'est reparti pour un nouvel itinéraire qui n'existe pas sur notre carte, mais la route redevient bitumée.



Pas pour longtemps, dans l'angle d'un petit bistrot, la terre apparaît. Trois jeunes attendent les premières gouttes de pluie adossés à la grange voisine. Ils semblent surpris de voir une femme à moto, regard en coin, gêne ... Aucun ne connaît la langue de Shakespeare. Signes, on montre le sol "asphalte ?" "kilomètre ?". On compte les doigts : 5 kms !!! Trop facile !!!

La récompense arrive, les bogomiles avaient bien choisi leur retraite.

J 6 suite ...

Cette route, absente des cartes, est l'un des rubans les plus parfaits ...





Où est-elle ???



Et maintenant, enfilons les vêtements de pluie et filons sur Sarajevo à la recherche de notre première nuit en dur : notre guest house nous attend.

Sympa, merci pour le partage.

J 6 suite et fin

Bouchons et orage nous laissent pendant 2 h dans les dédales de Sarajevo.
Personne ne semble connaître la rue indiquée. Au fur et à mesure que je demande aux passants, je me rend compte que seules les personnes qui me semblent d’obédience musulmane me fournissent des explications assez claires. Les autres m'envoient dans une direction, toujours vague, sans chercher à  m'aider.
A 200m de la destination, même la police ne connaît pas cette rue. Vrai, faux ???

Nous y arrivons en descendant une rue soulevée par les derniers orages. En plus d'une forte pente, la pluie s'infiltrant sous le goudron a rendu la rue malade : d'énormes pustules font rebondir la roue arrière. Miss Baïkal perd son sourire légendaire, elle ne fera pas un mètre de plus.
Heureusement, notre nid est là, le long de la muraille d'un immense cimetière musulman.

Je comprends mieux le comportement de certains : le quartier est musulman. La scission entre  communauté est toujours présente et la soirée nous prouvera qu'elle s'aggrave. 





En face du cimetière, un amphithéâtre moderne est ceint d'un mur de pierres où les noms des victimes de la dernière guerre 92-95 rappellent l'horreur de ces combats. La leçon ne semble pas avoir été comprise ...



On se débarrasse de nos peaux de motard et descendons jouer aux touristes dans les vieux quartiers où échoppes et restaurants rivalisent d'ingéniosité pour nous appâter.
Surprise, cette année, nous ne parvenons pas à trouver une bonne bière. Les restos sont halal, quelques uns proposent de la bière sans alcool.
Enfin, une belle brune, coincée entre deux étals de bijoux fantaisie, nous indique une ruelle au fond de laquelle nous trouvons notre bonheur : une taverne bruyante ou de grandes chopes de bière s'entrechoquent. On note une différence de style vestimentaire : les grandes tenues noires sont restées dans les artères principales.

Cette nouvelle visite de Sarajevo, quatre ans plus tard, ne nous donne pas l’impression d'un avenir commun mais plutôt communautaire. En espérant me tromper !!!

En y allant quasiment chaque année je confirme ton ressenti, c'est aussi celui d'un de mes amis vivant à Mostar... La situation politique n'avance pas depuis les années 90 et les accords de Dayton, et avec la crise économique et la situation internationale cela n'aide pas au rapprochement... Bien au contraire.
L'immobilisme conforte les nationalistes et le ressentiment a rarement été aussi vif... Bref on est pas près de trouver une solution au problème de l'ex-yougoslavie.
Pour celui qui aime l'Histoire et réfléchir, un voyage dans les Balkans apporte un certain nombre de réponses et d'éclaircissement. A titre personnel ça m'a beaucoup servi, pour mieux comprendre les enjeux politiques actuels... Et me dire que décidément on était pas doué pour tirer les leçons du passé, mais si il n'est pas vieux. 20 ans c'est rien, j'ai beau être tout jeune je me rappelle les images du siège de Sarajevo à la télé.
Depuis la ville est devenue quasiment musulmane alors qu'elle ne l'était qu'à 50% avant la guerre, les serbes restent retranchés en Republika Srpska (où beaucoup de bosniaques ont abandonné leur maison) et les croates tiennent l'Herzégovine... Bref rien n'a bougé depuis les années 90, il s'agit ni plus ni moins que de la ligne de front au moment du cessé le feu
Chaque fois que j'y vais je note une présence de signes religieux de plus en plus forte dans la rue, les panneaux en alphabet latin sont arrachés ou criblés de balles côté serbe... Ambiance. Mais ça n'a l'air d'émouvoir personne au niveau international. Pourtant si un conflit éclate à nouveau, sur fond de clivage ethnique et religieux, cela pourrait avoir des conséquences énormes et pas seulement dans les balkans !

Je constate que nos analyses se rejoignent ce qui n'est pas des plus réjouissant ...

Les jours suivants vont malheureusement conforter cette désagréable impression tant en Serbie qu'en Albanie.

Le pire : pris individuellement, tous ces gens sont absolument charmants, d'une grande amabilité, prêts à rendre service, et nous n'avons jamais eu le moindre sentiment d'insécurité.

Je suis tombé amoureux des Balkans pour les routes, les paysages... Mais surtout pour l'Histoire, l'ambiance et les gens. Comme tu dis ils sont charmants à titre individuel, je n'y ai toujours fait que de belles rencontres avec un niveau de bienveillance et d'hospitalité qui est rare en Europe. Et ce conflit ethnique attriste d'autant plus qu'avec autant de bienveillance tu te dis qu'ils ne pourraient que bien s'entendre... Parce qu'au fond, si tu regarde bien l'Histoire, ces clivages religieux ne sont pas très ancien et il n'y a pas si longtemps que ça il n'y avaient que des chrétiens dans les Balkans. D'ailleurs ils ont tous plus ou moins cousins même si il ne faut pas leur dire Ils sont tous grands et costaud, ils aiment le foot et le raki, s'appelle tous Slobodan Machintrucovic (humour, mais c'est un peu vrai  ) et vu leur hospitalité tu te demande comment ils en arrivent à détester leurs voisins !
Jusqu'à présent les tensions se cantonnaient à la bétise des rivalités footballistique... Maintenant on en parle un peu plus sur la place publique... Pourvu que ça ne pète pas à nouveau, car vu les alliés des uns et des autres cela aura forcément une répercussion internationale.

super ce trip en himmie
un petit retex matos serait pas mal : poids et encombrement ... par exemple

C'est prévu !!!
comme pour "objectif Caucase" je ferai un inventaire détaillé de l'emport. Ca avait plu à beaucoup, même s'il faut le considérer comme une simple indication, un simple exemple et qu'il est impératif de le personnaliser.
Mais quand on n'a pas l'habitude, ça permet de partir sur une base connue qui a déjà fait ses preuves. Il n'y a plus qu'à adapter.

J 7   195 kms

Nous quittons Sarajevo, ses rues pentues et bosselées.





Plein est, passage en Serbie, la vraie, par le parc national de Tara. A chaque col, même le plus anodin, point stratégique rime avec vestiges de la guerre.



Chaque vallée conserve son monastère. Les touristes locaux s'y arrêtent systématiquement.

J 7  suite et fin







Peu enclin à rouler aujourd'hui, alors nous nous arrêtons à Banjo Basta. Les panneaux de camping datent eux aussi d'avant le déluge et une minuscule pancarte "mini-camp" nous sauve. En fait, un pré fraîchement coupé derrière la maison du proprio accueille une tente qui abrite un footballeur russe en perdition dans son whisky local estampillé "alcool = 100%". Nous déclinons poliment le partage de cet élixir. Rejoints par un couple franco batave œuvrant dans l'humanitaire, la soirée s'anime autour de poutine ( non, pas le plat québécois), le Congo, , Mbappé, le Kosovo. Le russe s'énerve quand il constate que la conversation devient plus politique au sujet de la Bosnie : "fighting with me ?". Du calme, finir la bouteille et se coucher est la meilleure solution qu'il trouve. Le couple nous apprend que l'arabie saoudite finance toutes les constructions de mosquée dans les balkans. En demandant, en contrepartie, de respecter leur conception de l'islam. Voilà qui conforte notre ressenti à Sarajevo.







Après un passage dans la salle d'eau-toilettes-laverie (sans serrure) de la maison voisine, nous sombrerons dans un sommeil profond rythmé par la chute de pommes trop mûres. 

J 8 Banja basta  - Novi pasar    270 kms

Direction le sud pour nous approcher du Monténegro.







Nous décidons de sortir des routes "rouge" nationales, passons à Ivanjica, puis l'itinéraire s'élève dans une épaisse forêt enveloppée de bans de brume. Nous rentrons dans le parc de Golija.





"Katastrof", plus de route et de nouveau des pistes gorgées d'eau. Encore une erreur de panneau. La troisième dans la journée, je fais demi-tour et constate que je ne me suis pas trompé : les indications se révèlent fausses.
Nous continuons quand même : on finira bien par en sortir. Nous passons devant un chalet en bois, bar à chasseurs, où quelques lada attendent leurs conducteurs pour les ramener à bon port. A notre entrée, les têtes se tournent mais la main reste ferme sur la chope de bière, sous le regard de Tito.



Plutôt qu'une mousse, nous prenons un thé, fort apprécié car dehors le thermomètre ne dépasse pas les 12°.  Le patron refuse  que nous sortions notre porte monnaie.

Après dépliage  de la carte et erreur d'interprétation, nous repartons sûr de nous, franchissant de nouveaux bourbiers, certains d'en avoir fini quelques virages plus loin ...

J 8 suite ...

Les kms défilent et nous finissons par comprendre que nous sommes encore perdus. Ceux qui nous connaissent imaginent à quel point nous sommes inquiets  .







On persévère, espérant une issue favorable mais les chemins se dédoublent sans indication. 



Je choisis de partir seul, pour voir. "Cinq minutes, pas plus". Après quelques centaines de mètres pentus qui laissent présager d'un col encore très éloigné, je croise une demie douzaine de bûcherons : nous ne sommes pas du tout sur le bon itinéraire. Je leur parle des panneaux : ils rigolent.






Je redescends et me fais copieusement engueuler " 25 minutes que tu es parti, j'allais monter à pied pour voir si tu n'étais pas tombé ". On avait hésité à prendre notre paire de walkie talkie très pratique lors de nos expés en kayak.  Seront sur la liste du prochain trip. 
Heureusement que ces immenses forêts n'empêchent pas les rencontres car un peu plus loin, un père et son fils nous renvoient dans une autre direction, la bonne.





A cette intersection, nous croisons un papy, incroyable le nombre de gens avec des voitures pourries circulant dans ces lieux paumés. "Asphalte ? 40 kms ..."



Il est 18 h, les fesses sur les himmies depuis 09 h, un thé et quelques graines dans l'estomac, on commence à moins rigoler ...

J 8 suite ... et  fin

40 kms avant la route menant à Novi pasar, on n'est pas couché !!!
Mais le paysage, illuminé par le coucher de soleil, nous fait oublier la fatigue. La piste bondit de colline en colline permettant une vue à 360°. 
Aucune difficulté, la piste s'est asséchée avec un petit vent frisquet, nous ne croisons plus personne, les Lada  ont ramené  tout le monde au bercail ...
























Nous arrivons à Novi Pasar un peu cuits. Ville désordonnée, poussiéreuse, une grande artère  jalonnée de boutiques où tout est étalé  à même le sol sur le parking entre l'entrée et la route, beaucoup de voiles intégraux, de grosses voitures (hummer, range, mercedes, cayenne, ...) qui ne respectent aucune priorité. Rien à voir avec la Serbie du nord, ici, à 30 kms du Kosovo, l'influence est notable.

Aucun camping, ni guest house (sobe), tous les hôtels sont complets à l'occasion de mariages.
La carte indique un monastère, nous prenons cette route, arrivons sur le plateau et recherchons un spot discret pour la nuit, mais tous les chemins mènent à des fermes.
Enfin, un petit bar dans la pampa, nous demandons à y installer la tente à l'arrière, mais on nous indique à une dizaine de kms un hôtel "très bien pour vous" ?!?!
Nous arrivons de nuit au complexe Ras : super standing, des couples éparpillés sous la frondaison, des serveurs à profusion. On me demande de laisser les motos sur le parking extérieur, je feins de partir, on me rattrape et  ils acceptent que nous rentrions les motos à côté de notre petite maison  qui abrite deux suites. 
Après 13 h de moto, nous nous accordons notre première nuit en palace.
Une chambre tout confort, un repas viande légumes arrosé d'un cabernet sauvignon local d'excellente facture, sans oublier un petit déjeuner très (trop) complet nous saignent de  ...  45 € !!!






On l'a bien mérité non ??

superbes images

Merci kick !!!

Mais depuis quelques temps, je me refuse à la course  à l'armement dans ce domaine également.
Fini les grands angles et  télés de ouf. Je n'ai plus qu'un petit nikon et quand les photos me plaisent, je les recadre pour mettre dans mes livres avec Photocité. 

Ca tient dans n'importe quelle poche, c'est vite sorti, vite mitraillé et vite rangé. ca n'a pas peur des coups et de la flotte.

Je comprends que certains aiment à optimiser leurs photos mais ce n'est plus ma priorité.