Vous trouverez un petit papier rédigé ces derniers jours... Il y a deux ans je découvrais vraiment la conduite d'un trail, et quelques mois plus tard j'achetai le mien !
Bonne lecture.
Souvenirs d'hivernale
Les lignes qui suivent sont l'humble récit d'un motard lambda qui est parti rouler tout un week-end, en plein hiver à la recherche de la neige, même pas dormi dehors. C'est dire le caractère peu exceptionnel. A ceci près que c'est cette balade qui m'a fait acheter un Trail quelques mois plus tard.
Tout d'abord, un petit historique est nécessaire. Hiver 2014, l'hivernale Moto Journal passe près de chez moi, enfin, là où je vis depuis moins d'un an à l'époque. Sans aborder ici la sympathique arsouille qui s'est déroulée sur les petites routes séparant Rennes de la corniche Anjevine, ce formidable outil qu'est la moto m'avait permis de me lier d'amitié avec quelques motards de mon secteur. Notamment Fabien, sur un Tiger 800, le Trail le plus rapide jamais vu jusqu'alors !
C'est donc tout naturellement que, en 2015, voyant qu'une étape de l'hivernale MJ passe à Clermont-Ferrand, je propose l'idée d'aller les rejoindre pour partager un bout de route début février. Après tout, ce n'est qu'à 400 km, non ? Et bien mon Fabien est d'accord ! A condition toutefois de ne pas prendre l'autoroute. Mais quelle idée !
Il se trouve que mon Vfr est en révision et que le délai de celle-ci s'est allongé. Je remercie au passage le patron de la concession qui me prête alors un Transalp 700, avec ABS et bagagerie, éclairage additionnel... royal ! Enfin, pour être tout à fait honnête, sur le moment je ne trouve pas la bête bien enthousiasmante. 60 ch. 60 ch ? Moi j'aurais bien pris une louche de watts en plus ! Est-ce le formatage du toujours plus ? Je ne la trouve pas belle à ce moment là. Mais je vais rouler, et ça, c'est déjà une sacrée bonne nouvelle. Retour à la maison, je teste l'ABS, (mon Vfr 2002 n'en est pas équipé) rassurant pour les conditions qui m'attendent.
Lendemain matin, j'ai rendez-vous du côté de Saumur avec Fabien. La bête est chargée, je pars. Niveau équipement, je n'ai que ma veste de cuir (avec des trous d'aération, qui me vaudra quelques vannes) mais à la doublure efficace. Les gants sont chauds et mon sur-pantalon étanche avec doublure m'assure de rester au sec.
Le soleil est de la partie et la route jusqu'à Châtellerault se passe sans encombres. Entre petits villages et départementales. Premier plein à Le Dorat, nous avons le sourire. Quelques kilomètres après, le ciel se couvre, définitivement. Et déjà l'atmosphère se fait plus fraîche. Seul morceau de route à double voie, « La Souteraine » en direction de Guéret. L'occasion de tester la « vitesse de pointe » de mon Trail... Rien de bien décoiffant, totalement inutile. Mais il maintient une allure autoroutière sans forcer. Pendant que Fabien me dépose littéralement, quelle pèche ce 3 cylindres ! Je me rend compte que la protection est bonne, je n'ai que le bout des doigts qui commence à geler, merci les gros protège mains. Mais bon, je ne serais pas contre un café, voyant l'annonce d'une aire de repos, est-ce que mon ami en veut un ? A cet instant je le vois se porter à ma hauteur, couché sur le réservoir et me montrant le panneau avec insistance ! Il est transi de froid ! Les poignées chauffantes sont pourtant à fond sur sa Triumph, mais ses petits bouts de plastique sur le guidon ne dévient pas l'air...
Une fois au chaud, nous observons le paysage, les prés sont recouverts d'une fine couche de neige. Il reste encore un peu de distance à faire, comment va évoluer l'état des routes ? Nous verrons bien... Sortie de Guéret, le bitume est sec et les premières vraies courbes de la journée s'offrent à nous. Le Transalp vire d'un virage à l'autre avec une étonnante facilité, l'improvisation est un plaisir et son bicylindre se montre volontaire, rien ne sert de tirer dedans, il délivre une poussée bien franche à mi-régimes. Et Fabien ? Il me traite de malade. Sous prétexte que je ne connaissais pas la moto hier et que j'imprime un rythme qu'il n'ose suivre malgré la route seiche... Sûrement à cause de la neige sur les bas côtés, pas très rassurant pour le grip en ce qui le concerne.
Il n'empêche que, quelques kilomètres plus loin, prenant de l'altitude, cette neige se fait de plus en plus présente autour de nous, le bitume commence à présenter une surface plus piégeuse. Clermont-Ferrand est encore loin. Le ciel est bas, la température aussi. Je sens sous mon casque un froid piquant, pénétrant. Nous avançons dans une nature figée. De la neige tout autour de nous, y compris sur les axes secondaires, et des arbres givrés. A moins que ce soit nous, les givrés. En haut des cols, il ne reste que les traces des voitures, le milieu de la voie est recouvert de neige aussi. Nous abordons la descente vers la ville, avec une pause photo. On l'a fait !
Bon, ça caille. On repart ? Je sors du parking et je manque de m'en mettre une. L'arrière décroche sur la neige et je fais une belle équerre des familles façon dirt-track ! C'est passé, je ne sais pas comment mais me revoilà dans l'axe... Ouf !
Nous arrivons à l'hôtel. Ma sœur habitant Clermont, nous passons la soirée dans un restaurant du centre ville, proche de la cathédrale. Aligot, saucisses, St nectaire, verveine... (avec modération, etc) Il faut bien reprendre des forces ! Bizarrement, nous n'avons pas mis longtemps à nous endormir.
Le lendemain matin, pas de neige et un petit 0° au thermomètre. Nous rejoignons le point de rendez-vous dans une concession. L'accueil est sympa, ça chambre un peu aussi. Sur ma veste aérée surtout ! Le groupe décolle en direction de Vichy. Pas de petites routes aujourd'hui, c'est au plus direct. Il faut dire que les participants ont bien galéré les jours précédent ! De la neige beaucoup, des chutes en pagaille... Certaines moto en portent les traces mais leur moral est intact !
Nous poursuivons avec le groupe jusqu'au repas de midi. La Transalp se montre rassurante dans des conditions d'adhérence parfois précaires. Lors du repas, c'est l'occasion d'échanger avec les autres, et faire charger le téléphone aussi. En effet, ma moto de prêt n'a pas de prise externe et il faut réfléchir au trajet du retour. Il nous faut 350 km environ pour rentrer, à condition de ne pas se planter...
En repartant, je veux économiser la batterie du téléphone et me fie à la carte. Mais je me goure et nous roulons vers le Nord. Je m'en rend compte après 50 km et Fabien met son GPS afin de nous remettre en direction de l'Ouest. Gaz ! Nous roulons sur des routes quasi désertes, le soleil est très faible derrière les nuages et nos réservoirs ont besoin de carburant. Une petite station dans un village qui semble sans vie. Au moment de redémarrer, la Triumph nous fait un caprice. Le tigre refuse de rugir. Nous passons de longues minutes à rechercher ce qui cloche. Fusibles, contacteur de béquille, alarme... Rien ne semble y faire. Appel aux copains, pas mieux. Au bout d'un moment, elle accepte néanmoins de redémarrer, sauvés. On s'apprêtait à y mettre le feu, ça a peut-être joué. Plus loin, nous nous arrêtons pour un autre soucis. Le GPS de Fabien n'aime pas l'air frais et s'est éteint. Je met mon téléphone. Les petites routes nous conduisent à Tours à la nuit tombante, lorsque mon téléphone s'est lui aussi mis en grève. Pas grave, nous rejoignons notre point de départ sans soucis. Les routes sèches nous permettant de mettre du rythme.
Au final, ce week-end de plus de 1100 km fut une révélation. Ce Trail s'est montré d'une facilité déconcertante, d'un excellent confort assorti d'une bonne protection et son moteur, bien que moyennement puissant, est parfaitement en phase avec la machine et suffit pour que le plaisir soit au rendez-vous ! Après un bon nettoyage, j'ai restitué la moto avec un regard attendri, je n'irai pas jusqu'à dire qu'elle est belle, mais elle a du charme, cette invitation à rouler à l'autre bout du pays, et plus encore !