Les emmerdements ça vole en escadrille.
Déjà ça partait mal, le ferry initialement prévu à été annulé sans préavis. Réorganisation oblige, on se décale de 24h00. C'était sans compter que le ferry au départ d'Ancône partira avec le un peu plus de 7h00 de retard.
Un proverbe de marin dit : le temps perdu ne se rattrape pas. Je préviens l'hôtel que l'on ne sera sur place qu’à 03h00 du matin. Lequel hôtel me dit qu'il n'a pas de réservation à mon nom. Aïe.
Oui, en Grèce, 2 hôtels sur 3 se nomment Poséidon. Et entre 2 Poséidon hôtel il n'y a que 150m.
A Patras, à l’arrivée, il flotte copieux, nuit express et étape du jour longue de 270 bornes vers Loutraki.
Il fait beau, on a dormi façon big mac, en plusieurs couches, un peu dans le ferry, un peu à l’hôtel. On est un peu froissés, façon draps de soie après une folle lune de miel.
On n’a pas fait 20 bornes, et à peine terminée la première piste, que je sens que ça flotte derrière. Tout part en sucette ma bonne dame.
Sa mère en short, sont les premiers mots à sortir de ma bouche. On répare. 3 kilomètres plus loin, arrêt au garage pour panser la chambre.
On a pas refait 20 bornes que.... sa mère la naine, ce coup ci, on est à plat à nouveau.
Au moins, là, en partant j'ai de quoi me laver les paluches. Le Grec choisit ses endroits pour disposer ses pointes sur les chemins.
Il est 11h00, on a fait, quoi, 40 bornes, et je ne sais toujours pas si l'escadrille est passée ou pas.
La Grèce ça évoque quoi pour vous ? Comme pour moi au début d'ailleurs. La mer bleue, les maisons blanches et les volets bleus? Façon Luc Besson et le Grand Bleu
Non, la Grèce c'est 70% de montagne et des pistes sous les chênes.
Et les Grecs vous en savez quoi? Le Grec est ultra généreux, quand tu crèves, il s'arrête, te parle, tu pites que dalle, mais tel un saint Bernard avec son tonneau d'Ouzo il est là.
Il est généreux partout d'ailleurs, sur la route, où il coupe bien les virages, téléphone à l'oreille, sur l'entretien des routes qu'il laisse paisiblement se transformer en piste et où la végétation envahit les 2 voies.
Au resto, si tu n'as pas un appétit d'ogre, tu n'iras pas au bout, et sur les prix des repas où tu te dis qu'en France et ailleurs, certains devraient prendre des cours.
C'est fini les emmerdes? On dirait. Sauf qu'en descendant vers Loutraki, le ciel est noir, et l'orage que l'on va prendre sur le coin du museau sera généreux comme un Grec.
La route se transforme en torrent, la boue emporte tout, on se réfugie sous un mausolée avec bougie et musique, le Grec est très pieux.
On termine la journée au canal de Corinthe, pas mécontent d'arriver à l'hôtel.... Poséidon. Cadre idyllique, chambre de ministre, le top quoi.
C'est fini les emmerdes ? Ha non, juste que ce soir, 300 jeunes sont en séminaire de formation jusqu'à 19h00 et désintégration ensuite. On doit être à Ibiza, la musique déchire le ciel étoilé. La lune de miel est plus que froissée.
De Loutraki on file aujourd'hui vers Aliki. On m'avait dit : piste normalement fermée après un orage, ne pas persévérer si le début est pourri, mais va voir quand même.
Tu parles, c'est la première trace que j'ai rentrée et j'ai pu constater la générosité du Grec qui entretient les pistes à grand coup de bull.
Un truc de malade, une piste, avec une vue façon 3D, 4K, dolby surround. On crève? Même pas, l'escadrille s’est tirée.
Alors que j'arbore un sourire façon banane grand format, modèle, rhabillez vous monsieur au début, et tant pis si j'en crève à la fin (termes connus seulement des experts des tropiques), la piste est en train de rétrécir comme un pull en laine lavé à 90°.
L'escadrille rode, et près une reco à pied, je vois la ferme à 200m. Pas vraiment envie de faire demi tour sur cette piste classée 5 étoiles dans l'App Store.
Je dépose ma moitié, qui s'apprête à consulter un cardiologue en urgence, compte tenu du stress qui la tend comme une arbalète de voir son homme s’engager dans un truc ou si tu rates le pied gauche, tu finis beaucoup plus bas et éparpillé façon puzzle. Tranquille sur ma pétrolette, je reprends ma moitié après les évènements et on laisse la ferme sur la gauche, direction le bord de mer.
Est ce que j’aurais devant moi un vestige de l’histoire vieux de 70 ans ?
Non, juste des familles de tortue qui ont élu domicile dans le coin et qui se promènent. On va rester là comme des ânes à regarder les tortues qui se baladent.
Quand je pense que certains chassent les pokémon, ils ont tout compris de travers….
Le midi, on se pose à chez Stamathéa, qui n'est autre que la fille de la patronne. Sa mère a compris que les émotions de ce matin nous ont creusées et qu’il faut nous ravitailler en vol.
15 euros à 2, café compris, on a failli se crasher sous le poids du ravitaillement. Le Grec est généreux, mais Stamathéa l'est plus encore avec ses quelques mots en Français échangés sur un coin de table.
Sous le panneau d'Aliki, le maire devrait écrire : Aliki dernier arrêt avant le paradis.
Ce coin est superbe, après la journée de manut que je viens de m'enfiler, je dois dire que le package proposé: baignade, apéro, repas au bord de l'eau me va comme gant.
En plus il y a foule, ça fait peur. Au moins là, il n’y aura pas 300 jeunes désintégrés.
L'escadrille est certainement passée, et si le bonheur existe avec des choses simples, il est là, je le sens, façon saucisses HERTA pour les publivores mais en bien plus joli.
On quitte le bord de mer pour la montagne, pas trop quand même, on s’élève un peu pour profiter du coucher de soleil à Thermos.
C’est une journée de route exclusivement qui ne fait pas de mal pour les articulations et les muscles qui n’ont que trop travaillé hier.
On grimpe vers Arachova, qui est le Saint Moritz Grec. Alors là les enfants, limite le Grec parle avec l’accent Suisse de la vallée, on plafonne à 1600m d’altitude, avec des magasins de location de ski tous les 20 mètres.
Mais, il y a quand même un hic. On a eu beau chercher, rouler au pas, lever les yeux partout sur les flancs de la montagne, on n’a pas vu une remontée mécanique, pas un télé siège, rien, le mystère reste entier, en même temps, je n’ai jamais vu un Grec qui soit médaillé au JO d’hiver. Mais franchement, là, je reste circonspect, ou sur le cul, c’est au choix.
On passe par Delphes, on est censé y voir des pierres de pas toute première jeunesse; mais vu le peuple qui descend des bus, presque aussi ancien que les colonnes, j’ai une poussée d’urticaire, ma moitié aussi, on passe la première et on trace.
On s’arrête le midi à Galaxidi. Aliki, Galaxidi même combat, on a les pieds dans l’eau et la tête dans le bleu des nuages. On vit dans un autre monde que le patron, qui, à notre arrivée dispute une partie de tavli enflammée avec le maçon du coin. Il est 12h30, et on nous prie d’attendre 13h00 avant d’espérer commander, histoire de terminer la partie quoi.
Des jours, cela me relancerait la crise d’urticaire qui vient de démarrer à Delphes, mais là, je m’en fou, mais alors, on s’en tamponne le coquillard avec une pelle à gâteau, et voir même avec une pelle à neige. On est sous les bougainvilliers, il y a de l’air, l’eau est cristalline, la température au top, je me dilate dans les grandes largeurs.
A partir du lendemain, la montagne va nous capturer, et l’altitude nous filer un bien être des montagnes comme rarement on l’a eu.
Une précision toutefois, la Grèce ne monte pas très haut, 2000 m maxi, mais prévoyez un lainage, une fois en haut, l’impression de baigner dans un bonbon fisherman friend est impressionnante, le fond de l’air comme le fond de l’eau est plus que frais.
On se rapproche du but de cette semaine, les Météores, mais aujourd’hui on se promène à travers les lacs de montagne et cette journée comme avec les précédentes va nous réserver son lot d’émotion.
Le midi, on s’arrête dans un coin tout perdu où il y a là, un bistrot, qui ressemble plus à un PMU des années 80 qu’à un bar branché comme on le connaitrait en France.
J’entends par là, qu’il faut une frontale pour rentrer là dedans tellement le Grec fume, Oui, le Grec est très pote avec le cancer du poumon, car une tige enchaine l’autre.
Le patron nous demande ce que l’on veut manger, la carte, c’est en live.
La préparation ? C’est sa maman derrière qui s’active, on ne parle pas un mot en commun, mais on s’est compris.
Et puis le Grec est connecté. Toi en France, on te file un mot de passe wifi avec un démonte pneu, et un sourire à l’envers, et va t’en demander un wifi à Gonflefigue les bouzes les bains perdus au milieu, du Puy de Dôme, de l’Aveyron ou de la Lozère.
Là, perdus au milieu de la montagne, un dimanche, entre la panière de pain et le sel, le patron nous file le mot de passe de son réseau. Giorgiou, nous a reçu comme ses frères, encore un repas de communiant pour la modique somme de 13 euros à 2.
C’est dur je vous raconte pas, on frise le burn out gastrique.
La seconde rencontre, elle, sera spirituelle.
Sur la piste entre chez Giorgiou et les Météores, on fait le tour d’une petite église, perdue sur une piste.
En faisant le tour, tranquille on entend « café, café, café !!! ».
Je stoppe tout, ayant mal compris ce que l’autochtone criait. Il répète le bougre, « café, café !! ».
Quand je vous dis que le Grec est généreux. Podros est un pope qui vit en ermite, là depuis 2 ans.
On boit le café Grec, le vrai ce coup ci, un fonce aux chiottes terrible, à côté les dragées fuca, c’est pour les amateurs, là ce café là te déboucherait les chiottes du camping de Palavas les Flots en plein mois d’août.
Mais bon sang, quel moment de partage, on lui laisse notre stock de chocolat, on repart avec une canne ciselée.
Je viens de rattraper 30 ans de catéchisme en 5 minutes. Depuis qu’on est là on va de surprise en surprise.
On continue ce soir chez Natalia, encore une adresse on ne peut mieux trouvée. Le soir, c’est match de foot entre qui et qui j’en sais rien, un papy assis là fait les commentaires, il explique, on ne comprend toujours pas un traitre mot, mais à ce que je sens, l’équipe du coin est en train de prendre une déculottée.
Mais il y a mieux à faire pour ce soir.
Monter tôt aux Météores le matin, au soleil levant, histoire de se mettre des couleurs pleins les yeux, et qu’en rentrant on garde ça en mémoire pour l’hiver.
Moi qui pensait tracer par la route, à peine descendu, on s’enquille une piste.
La bien tombée elle pourrait s’appeler, parce que vu le nombre d’Asiatiques que je croise au m
2 ce matin, ma crise d’urticaire reprend de plus belle. Les bus eux sont rangés façon caddy de supermarché et je vous prie de croire que l’on est pas en manque de caddy.
La piste de ce matin est copieuse, resserrée, sortie de piste interdite sous peine de finir 100m plus bas, mais le Grec, toujours généreux, a planté des genets de sécurité tout du long. Une aubaine.
C’est en mode pope, et non pas pop que l’on taille jusqu’à Kapesovo.
C’est quoi le mode pope ? Ben, c’est sans voir personne et c’est bien comme ça.
Le ciel est gris, on rejoue aux montagnes Russes pour grimper à 1600m.
On finit enfin par trouver des ruines qui n’en soient pas, et surtout avec aucune ruine qui ne descende d’un bus, en se rapprochant de Kapesovo.
Kapesovo c’est un petit coin de paradis, sans personne, sans bruit, pour dire, les écureuils traversent la route sans regarder. Pourquoi, parce que là bas, le chasseur met le fusil à 3 mètres contre la voiture, le chasseur, il mate.
Il mate les glands qui tombent des chênes, les feuilles qui virent au rouge, il prend le temps de vivre.
Kapesovo, c’est un village hallucinant, d’ailleurs, les locaux de l’étape font sécher des champignons pour ensuite en faire du mushroom cake.
Cela n’a rien d’illégal, le mushroom cake de la patronne est à tomber, j’en bave encore, quand à la tourte de blette, tous les pseudos chef cuisinier de cantine scolaire devraient prendre un cours ici, je vous promets que les gosses après ne se nourriraient pas que de chips et de hamburgers.
Il nous faut quitter Kapesovo pour tirer vers Igoumenitsa, terme de ce voyage haut en saveur et en rencontres.
Descente à nouveau vers la plage, pour l’après midi avant de s’embarquer le soir.
L’hôtel pour la baignade est parfaitement situé, mais mon œil avisé remarque un truc sur les transats de l’hôtel.
J’ai l’impression que l’on fait sécher des serpillières, en fait de serpillières, ce sont les membres d’un voyage organisé du 4
ème ou 5
ème âge, qui sèche sur les transats.
En fait, ils sont super pop ou geek, eux, pour le coup, ils se rechargent au soleil la journée, et à 19h00, je peux vous dire qu’ils vous dézinguent le buffet de l’hôtel à une vitesse supersonique, et gare à celui qui veut couper la file d’attente.
Ajouté à cela que leur consommation de bière ALPHA est au moins aussi bonne que les jeunes du premier soir en stage de désintégration.
La différence ? A 21h30 quand on remonte sur la moto pour filer prendre le bateau, j’ai l’impression de traverser la fosse aux lions tellement ça ronfle dru dans le quartier.
Nous on descend de nuit vers le port, et puis retour à Ancône récupérer voiture et remorque après une arrivée à 18h00.
Il nous faudra 2h00 pour sortir d’Ancône, et faire 2 petits km.
m...e, le retour à la vie normal est dur.
2 Italiens se pourrissent pour non respect de la priorité, les entendre me fait sourire, il reste ça pour nous dire que l’on est pas encore tout à fait rentrés.