Mardi 11 septembre, 2 jours après la HAT (le lundi tu essayes de rentrer chez toi sans t’endormir sur la route)
Tu arrives avec 5' de retard à ta réunion, là c'est la panique dans ta boite (qui t'a appelé 3 fois et laissé des SMS pour être certain que tu n'es pas mort), tes collaborateurs te cherche partout.
Toi, tu arrives tel un octogénaire plié en 4 avec la tête du mec qui a fait la fête le Week end (mais personne n'ose te le dire). La réunion se passe, ton regard est vide tu fais gaffe de ne pas t’effondrer sur ton ordi et tu évites les grognements pour répondre aux questions avec des phrase comportant un sujet, un verbe et un complément, T’es en mode survie qui doit durer jusqu’à ton couché à 20h00.
Le Mercredi, tu prends l'avion et tu dors sur l'épaule de ton voisin, ton visage est moins fripé mais tu ressembles à Alf (pour les vieux).
Et le pire, c'est que tu as aimé ton Week end mais tu mets 10 jours pour t'en remettre physiquement (l'année dernière j'ai été fatigué 3 semaines).
Bon, comment tu en es arrivé là ?
L’année dernière, en septembre 2017 après 22h45 de moto non-stop, 10 heures de pluies, 8 chutes J’avais dit que je ne reviendrais pas sur cette épreuve. D’ailleurs clairement sur la vidéo que j’ai posté on t’entend dire « j’en ai plein le c... jamais je ne reviendrai »
https://www.youtube.com/watch?v=yIECEuqto84
et j’avais narré, tel un troubadour au chapeau à clochettes, la grosse loose de mon Week end de 2017
Janvier 2018
Benoit me téléphone. « J’ai un bon pote, Alex en KTM 1190, qui veut fait la HAT, je monte une équipe cela te branche ? »
Au début, j’ai cru à un canulard, Benoit sur son 800 GS m’avait assisté sur les 550 km de la HAT 2017, roulant à une allure d’escargot, me guidant (mon GPS ne chargeait plus car le régime moteur trop bas avait contraint le bus can à le délester), me relevant de mes chutes, n’émettant aucune critique sur mon pilotage digne d’un sumo sur un VTT (ou bien l’inverse d’ailleurs).
Moi : « Ben, je ne suis pas trop chaud, Benoit…Tu te souviens que j’ai faillit finir à l’hosto entre mon intoxication au SP95, les 8 chutes et l’envie qu’avaient mes 2 autres coéquipiers de me tuer tellement j’étais lent ? »
Benoit : « Oui mais là, c’est pour faire l’Extrême ! »
Moi « Ah cela change tout…Pourquoi pas ? »
Et là je me suis dit que je venais de réitérer, par vanité, la connerie de l’année dernière mais sur 900 kilomètres. Mon seul moment de lucidité est d’avoir dit à Benoit que je prendrais le 600 TTRE modifié par un sorcier du Forum !
Vendredi 07 septembre 23h00 : Départ de la HAT
Nos tableaux de bord intriguent, outre le GPS nous avons un boitier qui permet grâce à un écran de connaitre la position des 2 autres motos. Si l’une des motos est en difficultés, un bouton permet de le signaler aux autres via une led rouge qui s’éclaire. Benoit a également développé une application sur Android qui permet de connaitre notre progression et la marge de temps restant pour arriver à Setrières avant 16h00 dimanche. C’est tellement pro qu’il est démarché pour commercialiser l’appli Android.
L’après-midi, Gioberto, est venu gentiment à ma rencontre, mais j’étais absent car je pensais à la navigation de nuit. Désolé….
Normalement, le départ des équipes doit se réaliser suivant l’ordre des inscriptions. L’organisation a été débordée par des équipes qui ont démarrées les motos et forcées le passage pour se rendre sur la ligne de départ. C’est une joyeuse pagaille.
Je ferais la Navigation suivi par la KTM 1190 d’Alex et le 800 GS de Benoit, le saint Bernard de l’équipe. Benoit me demande de rouler moins vite et avec plus de régularité. Nous nous faisons doubler par les scooters….et derrière moi, une quinzaine de motos me suivent. Au bout d’une demi-heure, les plus téméraires ont commencé à me doubler.
Samedi 02h30
L’année dernière, j’étais parti à bloc pour me « caraméliser » deux heures après dans un chemin. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé pour cette AT 1000 qui m’a doublé à fond sur la route de nuit, il y a 2 heures. Le pilote a loupé le virage sur une petite route, la moto a été arrêtée par les arbustes qu’il a sectionné. Il nous dit qu’il est okay et ses coéquipiers l’aide à sortir la moto.
Plus tard, Je suis arête par « Doc de Retour vers le futur ». Il porte un casque de chantier surmontés de 4 à 5 lampes scotché. Il est au milieu de la route et me demande des infos sur la HAT, agacé par le bruit. Avec son téléphone, il prend une photo de ma plaque phare avec le sticker de la HAT.
Je tire également un premier retour d’expérience, ma moto en tête est gênée par les puissants feux led de la moto qui est derrière. Le faisceau de la moto n°2 créé une ombre de la moto de tête et je ne voie rien axialement à 50 mètres devant moi.
Samedi 05h30
Nous décidons de dormir 2 heures et jetons notre dévolue sur une clairière en bord de route dans la montagne. Cette nuit j’ai évité 2 chevreuils, un lapin et un écureuil. Je m’endors sur une partie herbeuse qui surplombe un étang. C’est la première fois que je dors à la belle étoile, j’ai attendu 51 ans.
Samedi matin
Au petit matin, nous voyons une voiture de l’organisation arrêtée près d’Eric de l’équipe des Lions. Il a l’air hagard et je ne voie pas son AT 1000. Il nous explique qu’elle est dans le ravin. Il a été éjecté de sa moto qui est 10 mètres en contrebas. La fourche et le cadre sont touchés et il pense qu’elle pourrait partir en épave (elle est de l’année….). Il a fallu l’aide d’un 4x4 avec treuil pour la sortir ce qui n’a pas du arranger le côté esthétique.
En repartant, nous croisons les autres membres de son équipe qui n’avait pas vu, pour l’un, qu’il était tombé et, pour l’autre, qui est allé prévenir les secours.
Samedi en fin d’après midi
Alex est fatigué et je lui donne une canette de Red Bull. C’est à ce moment que je découvre qu’une cannette de Monster a éclaté dans le sac étanche fixé sur ma selle. J’ai serré les sangles et elle a dû être compressée. Pas de soucis, puisque j’ai mis la totalité de mes affaires dans des sacs étanches D4 donc ils sont mouillés à l’extérieur. Je découvrirais plus tard que le sac 5 litres n’est pas étanche et que le liquide est entré dans le sac. Mon GPS routier, sa boite de rangement, mon chargeur téléphone et le gonfleur sont saturés du liquide rougeâtre qui sent la fraise Tagada. Coup de chance, mon épouse qui pense à ma ligne a pris des cannettes sans sucre ce qui évite que l’ensemble ne colle.
Je presse mon équipe, le passage à pour débuter la route du sel doit se faire avant 18h00. Nous y arriverons à 17h40 suivit par 2 équipes.
La route du sel est magnifique et me fait penser aux cols et pistes du Ladakh. Malheureusement, le temps se couvre et nous avons une mauvaise lumière.
A l’issue de cette étape nous rallions le parcours commun avec la HAT Classic et Discovery.
Dans une descente, alors que j’ouvre et fais la navigation, je vois qu’Alex sur la 1190 est à bloc. Surement l’effet du Red Bull ! Je suis à fond sur 5 kilomètres et me dis que je vais me sortir, allez je vais le laisser passer. Le problème c’est que des KTM avec un phare en forme de cheval, il y en a une centaine sur la HAT et que j’ai bourriné sans me rendre compte que ce n’étais pas mon équipe qui était derrière moi. Je les j’attendrais 5 minutes. Alex est fatigué.
Le repas de Limone, n’a rien à voir avec l’année dernière. La tente est presque vide et les pates contingentées, pas question d’en avoir une louche de plus.
Samedi 23h30
Nous arrivons à un CP. Le patron du bar qui est devant le CP nous propose de dormir à l’étage du restaurant. En fait, les villageois sont dans le restaurant d’en face avec le frère de Julio Iglesias qui beugle dans un micro. Jamais nous n’arriverons à dormir entre le bruit des motos au CP et son organe. A 01h30, il a fini de chanter, le patron du bar nous dit qu’il faut partir car il ferme son troquet. Je regrette mon herbe de la nuit précédente. Alex ressemble à Yoda en fin de vie….
Dimanche Matin
Alex roule à 20 km/h dans les chemins et à 40 sur route. Il est mort et le RED Bull ne fait plus d’effet. Si je lui en donne un autre, il va faire une crise cardiaque. Nous décidons de l’accompagner vers la route pour qu’il rentre se coucher à Sestrières. Puis nous repartons avec Benoit vers SANPEIRE.
Là nous rencontrons des groupes d’allemands de l’Extrême en BMW 1200 LC équipés comme des teams du Dakar, sur des motos sans une trace de boue. Le plus fluet doit faire 120 kg. Nous comprenons qu’ils font l’Extrême par la route ne prenant les portions de TT que lorsque c’est facile. Payer 490€ et venir d’Allemagne pour faire cela m’est étrange…On vient de comprendre pourquoi nous les doublions toutes les 5 ou 6 heures….
A une station-service je remarque un clou dans mon pneu. Il s’est fiché dans le crampon sans atteindre la chambre et je pense au magnet que la femme d’un CP a tenu à nous donner. Il représente la vierge et est accompagné d’un message de la bible (là c’est le côté mystique du récit). Du coup, le magnet a été laissé sur la moto….
Le reste du parcours se fait à fond, Benoit est passé devant et je le suis. Nous remontons des équipes qui, comme la nôtre sont décimées, 2 motards ou même parfois un seul qui se colle à nous pour ne pas rouler seul.
C’est la première fois que je descends à moto une piste de ski (l’Extrême fait une boucle supplémentaire autour de Sestrières dans le domaine de la vois lactée). Maintenant je regarderai différemment les velos ski….
Dimanche 15h58
Au final nous arrivons sans gloire à 15h58. Il n’y a personne pour nous accueillir ou si, une personne pour nous dire ou rendre le tracker qui n’émet plus depuis hier faute de batterie performante. L’organisation donne un chargeur 220v mais pour faire quoi ?
Les équipementiers ont plié les tentes (je voulais regarder les produits mais trop tard…), nous prenons une bière avec le bon de 5€ (l’année dernière il y avait un repas chaud) et partons dormir à l’hôtel qui affiche complet (comme quoi le TT peu faire tourner l’économie d’une ville hors période scolaire).
La 10eme HAT extrême est faite. Je ne suis tombé (bêtement) qu’une seule fois et me suis plus amusé que l’année dernière avec le Panzer.
Je ne ferais pas la HAT 2019 car on passe dans des coins magnifiques sans avoir le temps d’en profiter en payant une blinde.
Reste la satisfaction de l’avoir fait même si l’année dernière j’en avais éprouvé une réelle fierté, sans doute les effets du SP95 que j’avais bu accidentellement.
Deuxième fierté, avoir dit calmement à David Fretigné (qui est réellement une personne charmante) qu’il n’y a que les lâches qui freinent, heureusement il était devant moi après Limone….