Publication FB :Carnet de voyage: Départ, France et Espagne et premiers déboires...par Simon Tdm Moto, jeudi 4 août 2011, 16:17
Départ de ce tour du monde à moto en solitaire le 24 juillet 2011 aux alentours de 12h du jardin du Trocadéro à Paris. Réuni
avec tous mes amis, ma sœur, des clients de ma société, quelques
motards passionnés, et une poignée d’inconnus, ce dimanche de fin
juillet 2011, par un temps clément, nous prenons un petit déjeuner vers
10h au pied de la tour Eiffel. C’est un moment que j’attendais tant,
mais aussi que je redoutais tellement. Le jour J est arrivé. Après des
mois de préparation, après un nombre incalculable de nuits blanches à
rêver et angoisser de partir, après avoir quitté mon appartement, quitté
mon emploi, résilier tous mes abonnements, fait le vide de toutes mes
affaires personnelles, et après avoir reconstruit entièrement mon
transalp, je prends enfin le départ de « l’aventure de ma vie » !
Ce
matin-là, le réveil sonne à 7h30 et la nuit fût courte… Je suis tout
excité, je trépigne depuis tellement longtemps que je ne pense plus qu’à
ça ! Tout ce qui ne concernait pas mon projet me passa à mille lieux
au-dessus de la tête ! Je m’excuse auprès de mes amis, familles et
collègues de les avoirs « soulés » avec ça et de ne pas avoir été
suffisamment présent ces derniers temps, mais ma tête était ailleurs,
entre rêve, réalité, et fiction ! Je n’avais plus qu’un seul objectif :
Partir !
Le départ...Et le départ fût magistral, je l’avais imaginé des dizaines de fois, mais
jamais de cette façon-là. Chaleureux, amical, émotif, très dur
psychologiquement, et autant douloureux pour les personnes présentes que
pour moi. Je pensais pouvoir partir sans me retourner, voire même en
sifflotant… Il n’en est rien. Je retenais mes larmes de tristesse pour
ne pas éclater dans un chagrin qui n’aurait jamais pris fin. Je me
contenais pour ne pas trop montrer ma peine de quitter tous ces gens que
j’aime et qui ont fait le déplacement pour me voir prendre la route. Je
me suis contenu tant que j’ai pu, mais une fois seul sur l’autoroute,
j’étais bouleversé, je ne contenais plus rien et chialai à grosse
gouttes dans mon casque. Je ne pensais pas que cela serait si dur. Voir
tous mes proches une dernière fois avant un très long moment est l’une
des choses qui m’a rendu le triste de ma vie. Je ne m’en suis pas encore
vraiment remis, il faudra des kilomètres pour me relever et à nouveau
marcher droit. Cette épreuve est jusqu’à présent la plus difficile de ce
tour du monde, mais il n’a commencé que depuis seulement trois jours,
alors je m’attends aux pires mais espère le meilleur !
Une fois
avoir traversé Paris en fanfare avec tous mes pots motards, la première
pose n’est pas bien loin, à peine 50 km que je ressens déjà le besoin de
m’arrêter, reprendre mon souffle après tant d’émotion, et fumer la 1ere
clope de ce voyage. Un petit sandwich pour la route, une red bull parce
que la nuit fût agitée, un peu d’essence et c’est reparti. Direction
Montluçon pour rendre visite à mes grands-parents, puis Moulins dans
l’Allier pour effectuer ma première nuit chez mon oncle Joël. Les 300 km
qui me sépare de mon but se déroulent facilement, la route défile et je
n’arrive pas à m’enlever de la tête les visages en larmes de mes
camarades restés à la capitale. Heureusement, pas de pluie pour ce 1ere
jour, le ciel est de mon côté, je prends ça pour un signe de bon augure.
J’arrive à moulins en début de soirée.
Le lendemain,
pluie battante à Moulins ! Ce 2e jour commence mal ! Je veux me rendre à
80 km de là, chez mon oncle Philippe, au Mayet de montagne. Je mettrai
2h pour y arriver, la route qui y mène est sinueuse et détrempée, je
reste prudent et prend mon temps pour y parvenir. Arrivé là-bas, je suis
trempé jusqu’aux os malgré la combinaison de pluie et mes protections
en tous genres. Le temps ne se calme pas et je décide de de rester
l’après-midi, ainsi que la nuit chez lui pour sécher mes affaires et
espère que la météo du mardi sera meilleure. Je profite de cette
après-midi pour raccourcir ma béquille latérale à l’aide de son poste à
souder à l’arc et changer mes durites de réservoir d’essence qui la
veille à moulins m’avait fait perdre un plein complet… De plus ce cher
oncle est médecin et il revoit totalement ma trousse de secours ainsi
que ma pharmacie, beaucoup trop légère à son gout ! Merci Tonton.
Mardi
matin, il m’annonce qu’il va prévenir la presse locale qu’il connaît
bien et voilà que 2 journalistes se pointent chez lui pour une interview
et pour prendre quelques photos. Je suis ravi, cela va me faire un peu
de publicité, c’est toujours bon à prendre !
Je reprends la route
vers 11H en direction de Vichy pour y retrouver l’autoroute A71 qui me
dirigera vers le sud, je vise la frontière Espagnol avant la tombée de
la nuit. Mais c’était sans compter les soucis mécaniques… A peine arrivé
à Vichy que je ressens un tremblement très distinctif sur la roue
avant… Problème d’étrier de frein ! Je m’arrête donc et m’aperçois que
celui-ci ne tiens plus que par une seule vis… Je comprends tout de suite
ce qui ce passe, la veille du départ, vers 19h, Franck et moi
bidouillons encore cet étrier car un petit bruit nous gênais. Ce fameux
Franck malgré tout le respect que je lui porte, a fait une grosse
boulette d’apprentis de mes deux!!! Il n’a pas serré la vis inférieure
de l’étrier et du coup avec les vibrations, elle s’est desserrée petit à
petit pour finir par tomber je ne sais où !
Me voilà donc comme
un con avec un étrier qui pendouille et pas de vis pour la remplacer !
Je démonte donc une vis similaire placer sur moto à un endroit pas
indispensable, et la met en place sur l’étrier… Cela me prendre tout de
même une bonne heure.
Remis de ma frayeur, je reprends la route du
sud tranquillement, jusqu’à ce que la pluie se repointe et me
contraigne à rouler à 70 km/h sur l’autoroute… Les 500 km qui me sépare
de Girona en Espagne où je comptais passer la nuit vont être très long…
Je fais des poses régulières pour me reposer et continu ma route à
allure réduite. Puis le temps s’améliore en descendant, la pluie ne
tombe plus que pars intermittence et je peux rouler plus librement à
environ 100 de moyenne. J’atteins Bézier vers 19h et je sors de
l’autoroute pour me trouver de quoi manger et un endroit ou passer la
nuit. Tampi, pas d’Espagne ce soir ! Je passe dans une boucherie
m’acheter un morceau de viande et un saucisson, et je m’arrête acheter
un melon et des patates chez un agriculteur vendant ses produits au bord
de la route. Je me trouve une petite clairière entre les champs de
vigne ou j’établis mon 1er campement. Je suis un peu fatigué, et j’ai
faim. Je ne tarde pas à me faire à manger et profite de ce moment de
calme pour réaliser que demain je quitte la France et que je ne la
rêverais pas avant un bon bout de temps... .
Le voyage commence vraiment ! Vivement demain !
1er campement... On
est demain ! Mercredi vers 11H30, je passe la première frontière de mon
tour du monde ! « France je vous quitte mais reviendrai vous dire comme
je vous aime. »
Je roule facilement ce mercredi et brasse du
kilomètre à tours de bras. Je voudrai bien arriver aux environs de
Valence avant la tombée de la nuit donc je roule. En Espagne, un peu de
pluie, mais surtout de la chaleur, comparé à la France… Ca fait du
bien ! Je me mets de la musique dans le casque et laisse défiler les
kilomètres avec plaisir. La douleur du départ est toujours aussi
présente mais la route me fait bien, et plus je roule, mieux je me
porte, alors je roule, vite, peut-être même un peu trop… J’arrive à
Xàbia, une fois le soir venu. Je me trouve de quoi grignoter et un très
bel emplacement en bord de méditerranée pour établir mon campement. Je
me couche rapidement et voudrais bien faire une bonne nuit car demain
encore 800 km pour atteindre Tarifa où je prendrai le bateau pour Tanger
au Maroc. Mais comme un con je laisse brancher l’ordinateur portable à
la moto pour le recharger et oublie de le débrancher avant de dormir… Et
le jeudi matin forcément plus de batterie… Alors là, je me dis que la
journée commence bien ! Et je vais vite comprendre que cette journée
sera déjà à marquer d’une croix noire… Je n’ai pas encore trouvé de nom à
donner à ces journées catastrophes en chaine… A réfléchir…
Je
commence donc cette journée par démarrer la moto à la poussette… 200 kg à
pousser sur une route sablonneuse… Elle finit par démarrer et je charge
la bête au plus vite avant qu’elle ne cale… trop tard ! Une fois toute
chargée, elle coupe et ne veux pas se relancer, je suis dégouté. Je
redécharge tout pour la poussée à nouveau et là, rebelote ! Poussette,
chargement, calage… Et ça trois fois d’affiler… Je commence vraiment à
perdre patience et je me mets alors à la pousser chargée et prête à
partir. Mais pousser 350 kg dans le sable ce n’est pas de tout repos…
Mais par miracle elle démarre…J’enfile mon casque et prend la route
directement, sans m’arrêter jusqu’à ce que j’ai besoin de remettre de
l’essence dans le réservoir. Me voilà de nouveau sur la route après une
matinée bien galère, mais je ne suis pas au bout de mes surprises pour
aujourd’hui… En effet après 300 km de route environ, je change
d’autoroute, prend la courbe de la bretelle d’entrée mais la moto en
décide autrement et tire tout droit… Gros frisson ! Je rattrape comme je
peux la trajectoire de la courbe et m’arrête, sans tomber heureusement,
sur la bande d’arrêt d’urgence. Pneu avant à plat ! Première crevaison
de ce tour du monde ! Ca été rapide ! Je sors donc de l’autoroute à deux
à l’heure pour trouver un endroit ou démonter cette roue. 1h30 plus
tard la roue est remontée, la chambre à air réparé avec une belle
rustine et je peux enfin reprendre l’autoroute. Mais là, à peine 20 kms
plus tard… Explosion du silencieux d’échappement… Littéralement
exploser… Un trou de 8 cm de diamètre environ et maintenant présent au
milieu du silencieux en aluminium et tous les gaz sortent maintenant par
ce trou. Cela fait un bruit immonde en résonnant et je me retrouve de
nouveau arrêté… A ce moment-là, je prends la chose avec le sourire pour
ne pas exploser à mon tour… Je ne peux pas faire grand-chose de toute
façon, il me faut le réparer mais je n’ai rien sous la main et je ne
vais pas rester sur le bord de l’autoroute. Alors je repars doucement
avec ce pot d’échappement qui fait un bouquant du diable. C’est vraiment
une journée de m…. Je garde donc une vitesse réduite au début de peur
que les gaz chauds brulent mes valises latérales et mes affaires avec.
Mais au bout de quelques kilomètres je me rends compte que je peux
rouler sans problèmes à une vitesse moyenne de 100 km/h même si le bruit
est assourdissant. Je roule jusqu’à 22h ce jour-ci pour rattraper un
peu le temps perdu dans cette journée noire et atteints la ville de
Marbella dans le sud de l’Espagne à environ 150 km de Tarifa. Par de
tente ce soir, pas de hamac, juste mon matelas posé au sol, entre 2
maisons en bord de mer. Sommaire et agréable jusqu’à 3h du matin où
l’arrosage automatique d’une des deux maisons me réveille en sursaut et
m’oblige à terminer la nuit dans mes fringues mouillées et le matelas
plein de sable collant…
Le bonheur je vous dis!
Nuit à Marbella... Le
matin levé vers 6h30 pour admirer le lever de soleil et pour arriver
avant 9h à Tarifa où je dois prendre le bateau direction l’Afrique !
J’achète un billet de bateau quelques temps avant d’arriver à Tarifa
mais je ne fais pas attention que ce billet est valable au départ
d’Algeciras et non de Tarifa… Un allez retour pour rien entre les deux
villes e et j’arrive pile à l’heure pour le bateau ! Je monte à bord et
réalise que je quitte désormais l’Europe pour l’Afrique. Changement de
continent si peu de temps après le départ lancé il y à peine 6 jours de
Paris. Je fais valider mon visa marocain à bord de la navette maritime
reliant les 2 terres.
Réveil matin...Ca
y est ! L’Afrique commence ! La première vraie partie de mon tour du
monde ! Je me sens bien, et regarde l’Espagne et L’Europe s’éloigner
petit à petit avec un peu de nostalgie. Mais de nouvelles coutumes,
nouvelles langues, nouvelles manières de vivre, nouveaux paysages
m’attendent, et l’adaptation devra se faire en douceur. Je m’arrête
donc une quinzaine de jours chez mon ami Alexis, vivant à Rabat, depuis
maintenant deux ans. Je vais me reposer un peu chez lui, remettre
d’alpons la moto, visiter un peu la capitale marocaine et les montagnes
de l’Atlas.
Mon visa pour la Mauritanie commençant le 25 aout, j’ai presque un mois pour apprendre et traverser le Maroc.
Cela va être court, mais intense !
A moi l’Afrique !
A bord du ferry...